samedi 29 décembre 2007

Divine Emilie (Madame du Châtelet)

Ce soir, le XVIIIe siècle était invité sur France 3, avec Divine Emile, une comédie historique inédite d'Arnaud Sélignac. Tourné en Lorraine au printemps dernier, en décors naturels, ce téléfilm retrace la biographie d'Emilie du Châtelet, maîtresse de Voltaire et rare femme savante de son époque. Léa Drucker interprète avec talent et naturel cette scientifique en jupons du siècle des lumières, tandis que Thierry Frémont est un Voltaire parfaitement crédible.
Dans cette production, les magnifiques costumes créés par Sophie Dussaud ont, en l'occurrence, une place de premier plan qui méritait qu'on s'y attarde. Hommes et femmes – Emilie change souvent de tenues – sont tous habillés avec grand soin. La scène du bal à la cour du roi Stanislas en est la plus belle illustration.


 

Les bijoux s'accordent parfaitement aux costumes et, dans l'ensemble, on a noté assez peu d'anachronisme. Ne disait on pas, en son temps, que Madame du Châtelet avait "un goût pour les diamants aussi fort que pour les démonstrations d'Euclide !" Aussi, dans la première partie du téléfilm, Emilie porte une rivière de diamants, offerte par son époux, et qu'elle manque de perdre au jeu (pour 200 louis). Elle arbore ensuite un collier de grosses perles (un peu court) maintenu par un ruban, puis un collier de diamants et de perles et, lors du bal, une parure constituée d'une rivière de trois rangs (photo) et d'une grande broche de diamants. On la voit aussi porter une broche avec une pierre rouge et une bague ornée d'une pierre rectangulaire verte. La plupart des autres dames sont parées de colliers de perles et, surtout, de tours de cous décorés de dentelles, de médaillons ou de bouquets de fleurs. Monsieur du Châtelet apparaît, un court instant, vêtu d'un uniforme rehaussé d'une plaque de l'ordre du saint-Esprit en broderie de paillettes et de cannetille.



mercredi 26 décembre 2007

Jacques Fonteray. La Folie des grandeurs


Vu et revu à la télévision à de nombreuses reprises, L'un des grands succès du cinéma La Folie des grandeurs, de Gérard Oury, a de nouveau été programmé hier soir sur TF1. L'histoire se passe à la cour d'Espagne au XVIIe siècle, c'est-à-dire tout un univers où les costumes jouent un rôle de premier plan. A cette occasion, il est juste de rendre hommage à leur créateur, Jacques Fonteray, qui fêtera ses quatre-vingt-dix ans en février prochain.

Né à Grenoble en 1918, Jacques Fonteray, diplômé de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, a débuté une carrière de peintre et décorateur dès 1946. Après sa rencontre avec Marcel Carné, en 1959, il est devenu créateur de costumes, participant à de nombreux films pendant près de trente ans. Il a ainsi travaillé avec Denys De La Patellière, Philippe De Broca, Edouard Molinaro, Gérard Oury, Robert Enrico... se plongeant tour à tour dans le moyen-Age (La Fabuleuse aventure de Marco Polo, 1963), Le XVIe siècle (Dames galantes, 1990), Le XVIIe siècle ( La Folie des grandeurs, 1971), Le XVIIIe siècle (Mon oncle Benjamin,1969), La belle époque (Hibernatus, 1969), les années folles et l'entre-deux guerres (Borsalino, 1969, Boulevard du rhum, 1970, La banquière, 1980, Une femme française, 1994), sans compter de nombreuses comédies contemporaines.

Jacques Fontenay a aussi beaucoup travaillé pour le théâtre, prêté son concours à diverses expositions et publié un ouvrage "Costumes pour le cinéma" en 1999.



dimanche 16 décembre 2007

Les bijoux ont une histoire : Marthe Nespoulous


La Bijouterie du Spectacle possède dans ses collections un ensemble exceptionnel de bijoux réalisés vers 1925-1930 pour la grande Soprano Marthe Nespoulous. Outre un diadème, un bustier et un pagne constellés de strass et de fausses émeraudes, il y a aussi une très belle parure de turquoises et de perles. Celle-ci est composée d'une grande ceinture en deux pièces, d'une couronne et de deux fibules circulaires. C'est assez rare pour le mentionner, nous disposons aussi d'une photographie d'époque où l'on peut voir la chanteuse portant ces ornements.

Marthe Nespoulous, issue d'une vieille famille aveyronnaise, est née à Paris le 1er mai 1894. Fin mars 1923, lors des obsèques de Sarah Bernhardt, à Saint François de Sales, elle interprète avec tant de talent "Pie Jesu" du requiem de Fauré que, subjugué, Jacques Rouché, directeur de l'Opéra de Paris, décide immédiatement de l'engager. Elle y débute le 13 octobre 1923, dans le petit rôle de la Babylonienne de Hérodiade. L'année suivante, on lui confie successivement le rôle d'Ortlinde de La Walkyrie, celui de Salomé de Hérodiade, la Grande Prêtresse de Aida et Myrtale de Thaïs. En 1925 elle joue Thaïs, en 1926 Nedda de Paillasse, en 1927 Sophie du Chevalier à la Rose et Elsa de Lohengrin. En 1928, elle est La Princesse Saamcheddine aux côtés du Marouf de José de Trévi et, en 1931, chante le rôle-titre de l’Illustre Frégona de Raoul Laparra.

Excellente soprano, bonne comédienne et plutôt jolie femme, elle poursuivit une carrière parallèle sur beaucoup d'autres scènes, en province, à La Monnaie de Bruxelles, à l’Opéra de Monte-Carlo, au San Carlo de Naples, au Liceo de Barcelone, au Colon de Buenos-Aires, à l’Opéra d’Amsterdam, tant et si bien que l'Opéra de Paris décida de se séparer d'elle. Elle se retira alors pour se consacrer à l’enseignement. A partir de 1949, elle fut professeur au Conservatoire de Bordeaux, ville où elle mourut le 6 août 1962.

jeudi 13 décembre 2007

Costumes du Châtelet (suite)

Comme nous l’annoncions il y a quelques jours, jusqu’au 21 décembre le théâtre du Châtelet a mis en vente quelques uns de ses plus beaux costumes sur le site d’enchères eBay.
Issus des spectacles Le coq d’or, La Belle Hélène, Mithridate, L’enlèvement au sérail, La voix humaine, Le chevalier à la rose, King Arthur, ce sont au total vingt-huit costumes qui sont ainsi proposés au public.
Manteaux de nobles ou de roi en soie, déshabillé en mousseline décorée à la main, chemise de nuit en soie parme, chasuble matelassée, robe en satin de soie broché or, tunique et jupe plissée or, toutes ces pièces sont exceptionnelles. Leurs prix l’étant tout autant, fixés autour de 2000 euros (dont un manteau proposé à 3000) avec seulement trois vêtements en dessous de 1000 euros.
Les eBayeurs, dont nous faisons partie depuis l’origine, vont-ils se laisser tenter ? Si l’on en juge par notre expérience, cela risque d’être difficile.

mercredi 12 décembre 2007

Les perles de Marie-Antoinette

Aujourd'hui, à Londres, la maison Christie's a mis aux enchères un collier composé de perles ayant appartenu à Marie-Antoinette. Le bijou était estimé entre 350.000 et 400.000 livres (525 à 600.000 euros). Celui-ci n'a pas trouvé acquéreur, faute d'une offre suffisamment élevée.

L'histoire de ces joyaux est bien connue. En 1791, après leur fuite avortée, Louis XVI et sa famille furent ramenés à Paris et emprisonnés. Détenue au couvent des Feuillants, Marie-Antoinette "sans vêtement ni argent" était devenue entièrement dépendante de la charité de ses amis. C'est alors qu'Elizabeth Leveson-Gower, épouse de lord Sutherland, ambassadeur d'Angleterre en France, qui avait un fils du même âge que le dauphin, lui fit porter des vêtements et des draps.

Peu avant que lady Sutherland ne quitte la France, en août 1792, Marie-Antoinette lui confia en garde un sac contenant des perles et des diamants. Hélas, la reine mourut sur l'échafaud l'année suivante.

Revenue en Grande-Bretagne, l'épouse de l'ambassadeur conserva ce précieux trésor pendant de nombreuses années. Les diamants furent utilisés dans la composition d'une parure. Quant aux fameuses perles, en 1849 elle furent montées sur un collier que lady Sutherland offrit à son petit-fils à l'occasion de son mariage. Il est composé de vingt-et-une grosses perles grises en forme de poires (remontant aux environs de 1780), chacune retenue par une attache surmontée d’un diamant de taille ancienne. L'ensemble est fixé à un ruban parsemé de diamants lui-même suspendu à un tour de cou orné de rubis et de douze autres perles grises montées en boutons.

Resté dans la même famille depuis plus de deux-cents ans, ce bijoux exceptionnel devra encore attendre avant de trouver un nouveau propriétaire.


lundi 10 décembre 2007

Arsène Lupin


Hier soir, TF1 a diffusé Arsène Lupin, de Jean-Paul Salomé, sorti sur les écrans en octobre 2004. Ce fut l’occasion de voir ou de revoir un grand film où les décors, les accessoires, les vêtements ont été particulièrement soignés. Ce qui est loin d’être le cas dans de nombreuses réalisations actuelles. Il convient de saluer le superbe travail de Pierre-Jean Larroque, le créateur des costumes qui, pour l’occasion, a fait réaliser près de cinq-cents tenues de la fin du XIXe siècle et du début du XXème. Dont une vingtaine pour Romain Duris et dix-huit pour Kristin Scott Thomas (le comtesse de Cagliostro).
Mais pour nous, le plus important est la place que ce film fait aux bijoux. Rarement au cinéma on aura vu de si belles parures. Grâce à un partenariat avec la maison Cartier, cette dernière a accepté de prêter plus d’une trentaine de pièces de sa collection privée, comprenant diadèmes, broches, sautoirs, briquets et montres. Objet de toutes les convoitises, une parure de diamants ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette. Pour le reconstituer, Cartier s’est inspiré d’un bijou porté par la belle Otéro, figure mondaine du début du XXe siècle, lui-même créé sur le modèle du célèbre collier royal. Parmi les autres pièces mise à la disposition de cette production par le grand joaillier – authentique celle là – il y a aussi la très belle parure verte et bleue portée par la comtesse de Cagliostro dans la scène du grand bal. Il s’agit d’un ensemble évoquant des plumes de paon, réalisé par Louis Cartier en 1923, composé d’un collier de saphirs, émeraudes, diamants et platine, accompagné de pendants d’oreille en émeraude, onyx et diamants.
Les trois croix anciennes, qui jouent un rôle déterminant dans cette histoire, ont été fabriquées tout spécialement par la décoration du film.


jeudi 6 décembre 2007

Jean-Paul II

Dimanche 2 décembre, a eu lieu la dernière de N’ayez pas peur, Jean-Paul II, au Palais des Sports, à Paris. Perturbé par la grève des transports, le nouveau spectacle de Robert Hossein n’a pas pu se poursuivre, comme cela était initialement prévu, jusqu’à la fin de l’année. Dommage. Il était à l’affiche depuis le 21 septembre dernier.

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Après Ben Hur, il y a un an, la Bijouterie du Spectacle a été heureuse et fière de participer à cette nouvelle production de l’équipe de Robert Hossein. Avec, bien entendu, Martine Mulotte à la réalisation des costumes. Ce ne fut pas une mince affaire que de reconstituer – biographie du pape oblige – de nombreuses tenues ecclésiastiques. Auparavant, la costumière avait fait un important travail de documentation, allant même jusqu’à Rome pour y rencontrer l’ancien tailleur du Saint Père. Des tenues blanches de Jean-Paul II, en passant par les soutanes noires des prêtres, les robes rouges des cardinaux et autres habits de religieuses, vêtements civils et militaires, ce n’est pas moins de 370 costumes qui furent ainsi créés pour l’occasion. Les uniformes des gardes suisses, trop compliqués à réaliser, ont été loués en Italie.

De son côté, la Bijouterie du Spectacle a été sollicitée dès le début de l’année pour fournir une partie des croix pectorales et des bagues destinées à être portées par les cardinaux et les évêques. En dépit d’une importante collection de crucifix en tous genres, force nous fut de constater que nous ne pouvions satisfaire totalement à cette demande. Martine Mulotte a donc fait aussi appel à la maison Rancati, à Rome, qui dispose d’un impressionnant stock de bijoux ecclésiastiques. Quant à la croix et l’anneau papales, très caractéristiques, il n’a pas été possible d’en trouver de semblables. Un artisan parisien a été chargé de les réaliser tout spécialement.
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Passons sur les nombreuses péripéties qui ont accompagné la réalisation de cette vaste garde-robe. Retard des fournisseurs, fermetures de nombreuses boutiques durant l’été, disparition de la bague du pape, multiples modifications de dernière minute, tout cela n’a pas découragé l’équipe de costumières, habilleuses et couturières qui a su, une fois de plus, être à la hauteur de cet immense défi.
Même si le sujet n’était pas facile – reconstituer sur scène la vie d’un pape - Robert Hossein est allé jusqu’au bout de l’aventure, franchissant une à une les étapes de son chemin de croix, en homme de théâtre passionné et passionnant. Magnifique.

mardi 4 décembre 2007

Vente de costumes du Châtelet

Samedi 1er décembre, le théâtre du Châtelet a organisé une vente de costumes et accessoires de ses productions, soit près de 1400 pièces. Préparé par Marie-Odile Cross, habilleuse de cette prestigieuse salle depuis vingt ans, l’événement a eu lieu à la Manufacture des Œillets, à Ivry-sur-Seine. A cette occasion les ¾ des lots ont trouvé preneurs, d’autant que cette vente était ouverte à la fois au public et aux professionnels. Aucun bijoux n’était proposé, sinon quelques ornements cousus sur des vêtements. Parmi les costumes figuraient ceux portés par les comédiens d’une douzaine de productions comme Le Malade imaginaire (1990), King Arthur (1995), Don Carlos (1996), La Belle Hélène (2000/2003), Arabella (2000/2005), Le Fou (2004), Peter Pan (2006), etc.
De très belles pièces seront également prochainement mises aux enchères sur internet. En particulier les somptueux habits du Coq d’Or, de Rimski-Korsakov, ouvrage lyrique monté en 1984 et dont le coût des costumes fut l’un des plus élevés de l’histoire de ce théâtre