Annoncé depuis plusieurs semaines, le documentaire-fiction Versailles, le rêve d’un roi a enfin été diffusé avant-hier sur France 2. Réalisé par Thierry Binisti (co-production Les films d'ici et France 2) durant l'été 2007, il retrace l'histoire de Louis XIV et, parallèlement, toutes les étapes de la construction du château de Versailles.
Spectacle magnifique, décors somptueux, rigueur des informations et des faits historiques, rien n'a manqué à ce film de télévision pour combler le spectateur le plus exigeant.
Il serait mesquin de juger le travail de la créatrice de costumes (Valérie Adda) dont nous ne pouvons que saluer l'excellent résultat, compte tenu des moyens mis à sa disposition. Les costumes royaux, entre autres, ont été reconstitués avec beaucoup de réalisme. Et l'acteur choisi pour incarner le roi, Samuel Theis – dont c'était le premier rôle à la télévision – nous a paru posséder la morphologie de l'illustre monarque. En effet, contrairement à une idée encore largement répandue, Louis XIV était grand, même très grand par rapport à ses contemporains. Il mesurait cinq pieds huit pouces, c'est-à-dire 1,84 m.
Les bijoux, les fameux bijoux du roi. C'est peut-être le seul aspect de ce docu-fiction qui nous a laissé sur notre faim. Tout au long des 90 minutes du film, le comédien qui incarne Louis XIV arbore sur son habit la même plaque de l'ordre du Saint-Esprit, comme si le souverain n'en changeait jamais, et la même épingle de cravate, en faux diamants. C'est trop peu pour illustrer le raffinement dont ce monarque a toujours fait preuve dans le choix de ses bijoux. Mais le plus surprenant, pour nous, a été de découvrir aux doigts de Samuel Theis pas moins de cinq bagues, assez anachroniques d'ailleurs. En réalité, Louis XIV n'en a jamais porté, il suffit d'observer la plupart de ses portraits. D'ailleurs, Saint-Simon le confirme dans ses Mémoires : "Il était toujours vêtu de couleur plus ou moins brune avec une légère broderie, jamais sur les tailles, quelquefois rien qu'un bouton d'or, quelquefois du velour noir. Toujours une veste de drap ou de satin rouge, ou bleue ou verte, fort brodée. Jamais de bague, et jamais de pierreries qu'à ses boucles de souliers, de jarretières, et de chapeau toujours bordé de pont d'Espagne avec un plumet blanc. Toujours le cordon bleu dessous, excepté des noces ou autres fêtes pareilles qu'il le portait par dessus, fort long avec pour huit ou dix millions de pierreries."
On sait que Louis XIV avait une passion pour les pierres précieuses. Il en a acheté pendant toute sa vie. L'inventaire de l'ensemble des diamants et pierreries de la couronne de France, en 1691, permet d'imaginer la splendeur et l'inestimable valeur de sa collection. Parmi ceux-ci, le Sancy, estimé 600 000 livres (qu'il portait généralement au chapeau), le Diamant Bleu, évalué 400 000 livres et le Grand Saphir, 40 000 livres, montés chacun sur un bâtonnet d'or émaillé, dont il se servait comme épingles pour fixer sa cravate de dentelles. Il possédait plusieurs parures de diamants, composées de centaine de boutons, de fleurons, de boutonnières, pour ses vestes et justaucorps, de crochets de joaillerie pour orner ses chapeaux, de boucles pour ses jarretières et ses chaussures. Enfin, le roi avait aussi plusieurs croix de chevalier de l'ordre du Saint-Esprit dont il portait généralement deux exemplaires, l'un accroché sur le côté gauche de son justaucorps et l'autre suspendu à un cordon bleu qui lui barrait la poitrine. C'est sous son règne que ce type de décoration fut exécuté pour la première fois en joaillerie. Une de ces croix, fabriquée en 1663, était composée de 112 diamants, une autre, fournie en 1672, en comptait 120.