samedi 29 décembre 2007

Divine Emilie (Madame du Châtelet)

Ce soir, le XVIIIe siècle était invité sur France 3, avec Divine Emile, une comédie historique inédite d'Arnaud Sélignac. Tourné en Lorraine au printemps dernier, en décors naturels, ce téléfilm retrace la biographie d'Emilie du Châtelet, maîtresse de Voltaire et rare femme savante de son époque. Léa Drucker interprète avec talent et naturel cette scientifique en jupons du siècle des lumières, tandis que Thierry Frémont est un Voltaire parfaitement crédible.
Dans cette production, les magnifiques costumes créés par Sophie Dussaud ont, en l'occurrence, une place de premier plan qui méritait qu'on s'y attarde. Hommes et femmes – Emilie change souvent de tenues – sont tous habillés avec grand soin. La scène du bal à la cour du roi Stanislas en est la plus belle illustration.


 

Les bijoux s'accordent parfaitement aux costumes et, dans l'ensemble, on a noté assez peu d'anachronisme. Ne disait on pas, en son temps, que Madame du Châtelet avait "un goût pour les diamants aussi fort que pour les démonstrations d'Euclide !" Aussi, dans la première partie du téléfilm, Emilie porte une rivière de diamants, offerte par son époux, et qu'elle manque de perdre au jeu (pour 200 louis). Elle arbore ensuite un collier de grosses perles (un peu court) maintenu par un ruban, puis un collier de diamants et de perles et, lors du bal, une parure constituée d'une rivière de trois rangs (photo) et d'une grande broche de diamants. On la voit aussi porter une broche avec une pierre rouge et une bague ornée d'une pierre rectangulaire verte. La plupart des autres dames sont parées de colliers de perles et, surtout, de tours de cous décorés de dentelles, de médaillons ou de bouquets de fleurs. Monsieur du Châtelet apparaît, un court instant, vêtu d'un uniforme rehaussé d'une plaque de l'ordre du saint-Esprit en broderie de paillettes et de cannetille.



mercredi 26 décembre 2007

Jacques Fonteray. La Folie des grandeurs


Vu et revu à la télévision à de nombreuses reprises, L'un des grands succès du cinéma La Folie des grandeurs, de Gérard Oury, a de nouveau été programmé hier soir sur TF1. L'histoire se passe à la cour d'Espagne au XVIIe siècle, c'est-à-dire tout un univers où les costumes jouent un rôle de premier plan. A cette occasion, il est juste de rendre hommage à leur créateur, Jacques Fonteray, qui fêtera ses quatre-vingt-dix ans en février prochain.

Né à Grenoble en 1918, Jacques Fonteray, diplômé de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, a débuté une carrière de peintre et décorateur dès 1946. Après sa rencontre avec Marcel Carné, en 1959, il est devenu créateur de costumes, participant à de nombreux films pendant près de trente ans. Il a ainsi travaillé avec Denys De La Patellière, Philippe De Broca, Edouard Molinaro, Gérard Oury, Robert Enrico... se plongeant tour à tour dans le moyen-Age (La Fabuleuse aventure de Marco Polo, 1963), Le XVIe siècle (Dames galantes, 1990), Le XVIIe siècle ( La Folie des grandeurs, 1971), Le XVIIIe siècle (Mon oncle Benjamin,1969), La belle époque (Hibernatus, 1969), les années folles et l'entre-deux guerres (Borsalino, 1969, Boulevard du rhum, 1970, La banquière, 1980, Une femme française, 1994), sans compter de nombreuses comédies contemporaines.

Jacques Fontenay a aussi beaucoup travaillé pour le théâtre, prêté son concours à diverses expositions et publié un ouvrage "Costumes pour le cinéma" en 1999.



dimanche 16 décembre 2007

Les bijoux ont une histoire : Marthe Nespoulous


La Bijouterie du Spectacle possède dans ses collections un ensemble exceptionnel de bijoux réalisés vers 1925-1930 pour la grande Soprano Marthe Nespoulous. Outre un diadème, un bustier et un pagne constellés de strass et de fausses émeraudes, il y a aussi une très belle parure de turquoises et de perles. Celle-ci est composée d'une grande ceinture en deux pièces, d'une couronne et de deux fibules circulaires. C'est assez rare pour le mentionner, nous disposons aussi d'une photographie d'époque où l'on peut voir la chanteuse portant ces ornements.

Marthe Nespoulous, issue d'une vieille famille aveyronnaise, est née à Paris le 1er mai 1894. Fin mars 1923, lors des obsèques de Sarah Bernhardt, à Saint François de Sales, elle interprète avec tant de talent "Pie Jesu" du requiem de Fauré que, subjugué, Jacques Rouché, directeur de l'Opéra de Paris, décide immédiatement de l'engager. Elle y débute le 13 octobre 1923, dans le petit rôle de la Babylonienne de Hérodiade. L'année suivante, on lui confie successivement le rôle d'Ortlinde de La Walkyrie, celui de Salomé de Hérodiade, la Grande Prêtresse de Aida et Myrtale de Thaïs. En 1925 elle joue Thaïs, en 1926 Nedda de Paillasse, en 1927 Sophie du Chevalier à la Rose et Elsa de Lohengrin. En 1928, elle est La Princesse Saamcheddine aux côtés du Marouf de José de Trévi et, en 1931, chante le rôle-titre de l’Illustre Frégona de Raoul Laparra.

Excellente soprano, bonne comédienne et plutôt jolie femme, elle poursuivit une carrière parallèle sur beaucoup d'autres scènes, en province, à La Monnaie de Bruxelles, à l’Opéra de Monte-Carlo, au San Carlo de Naples, au Liceo de Barcelone, au Colon de Buenos-Aires, à l’Opéra d’Amsterdam, tant et si bien que l'Opéra de Paris décida de se séparer d'elle. Elle se retira alors pour se consacrer à l’enseignement. A partir de 1949, elle fut professeur au Conservatoire de Bordeaux, ville où elle mourut le 6 août 1962.

jeudi 13 décembre 2007

Costumes du Châtelet (suite)

Comme nous l’annoncions il y a quelques jours, jusqu’au 21 décembre le théâtre du Châtelet a mis en vente quelques uns de ses plus beaux costumes sur le site d’enchères eBay.
Issus des spectacles Le coq d’or, La Belle Hélène, Mithridate, L’enlèvement au sérail, La voix humaine, Le chevalier à la rose, King Arthur, ce sont au total vingt-huit costumes qui sont ainsi proposés au public.
Manteaux de nobles ou de roi en soie, déshabillé en mousseline décorée à la main, chemise de nuit en soie parme, chasuble matelassée, robe en satin de soie broché or, tunique et jupe plissée or, toutes ces pièces sont exceptionnelles. Leurs prix l’étant tout autant, fixés autour de 2000 euros (dont un manteau proposé à 3000) avec seulement trois vêtements en dessous de 1000 euros.
Les eBayeurs, dont nous faisons partie depuis l’origine, vont-ils se laisser tenter ? Si l’on en juge par notre expérience, cela risque d’être difficile.

mercredi 12 décembre 2007

Les perles de Marie-Antoinette

Aujourd'hui, à Londres, la maison Christie's a mis aux enchères un collier composé de perles ayant appartenu à Marie-Antoinette. Le bijou était estimé entre 350.000 et 400.000 livres (525 à 600.000 euros). Celui-ci n'a pas trouvé acquéreur, faute d'une offre suffisamment élevée.

L'histoire de ces joyaux est bien connue. En 1791, après leur fuite avortée, Louis XVI et sa famille furent ramenés à Paris et emprisonnés. Détenue au couvent des Feuillants, Marie-Antoinette "sans vêtement ni argent" était devenue entièrement dépendante de la charité de ses amis. C'est alors qu'Elizabeth Leveson-Gower, épouse de lord Sutherland, ambassadeur d'Angleterre en France, qui avait un fils du même âge que le dauphin, lui fit porter des vêtements et des draps.

Peu avant que lady Sutherland ne quitte la France, en août 1792, Marie-Antoinette lui confia en garde un sac contenant des perles et des diamants. Hélas, la reine mourut sur l'échafaud l'année suivante.

Revenue en Grande-Bretagne, l'épouse de l'ambassadeur conserva ce précieux trésor pendant de nombreuses années. Les diamants furent utilisés dans la composition d'une parure. Quant aux fameuses perles, en 1849 elle furent montées sur un collier que lady Sutherland offrit à son petit-fils à l'occasion de son mariage. Il est composé de vingt-et-une grosses perles grises en forme de poires (remontant aux environs de 1780), chacune retenue par une attache surmontée d’un diamant de taille ancienne. L'ensemble est fixé à un ruban parsemé de diamants lui-même suspendu à un tour de cou orné de rubis et de douze autres perles grises montées en boutons.

Resté dans la même famille depuis plus de deux-cents ans, ce bijoux exceptionnel devra encore attendre avant de trouver un nouveau propriétaire.


lundi 10 décembre 2007

Arsène Lupin


Hier soir, TF1 a diffusé Arsène Lupin, de Jean-Paul Salomé, sorti sur les écrans en octobre 2004. Ce fut l’occasion de voir ou de revoir un grand film où les décors, les accessoires, les vêtements ont été particulièrement soignés. Ce qui est loin d’être le cas dans de nombreuses réalisations actuelles. Il convient de saluer le superbe travail de Pierre-Jean Larroque, le créateur des costumes qui, pour l’occasion, a fait réaliser près de cinq-cents tenues de la fin du XIXe siècle et du début du XXème. Dont une vingtaine pour Romain Duris et dix-huit pour Kristin Scott Thomas (le comtesse de Cagliostro).
Mais pour nous, le plus important est la place que ce film fait aux bijoux. Rarement au cinéma on aura vu de si belles parures. Grâce à un partenariat avec la maison Cartier, cette dernière a accepté de prêter plus d’une trentaine de pièces de sa collection privée, comprenant diadèmes, broches, sautoirs, briquets et montres. Objet de toutes les convoitises, une parure de diamants ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette. Pour le reconstituer, Cartier s’est inspiré d’un bijou porté par la belle Otéro, figure mondaine du début du XXe siècle, lui-même créé sur le modèle du célèbre collier royal. Parmi les autres pièces mise à la disposition de cette production par le grand joaillier – authentique celle là – il y a aussi la très belle parure verte et bleue portée par la comtesse de Cagliostro dans la scène du grand bal. Il s’agit d’un ensemble évoquant des plumes de paon, réalisé par Louis Cartier en 1923, composé d’un collier de saphirs, émeraudes, diamants et platine, accompagné de pendants d’oreille en émeraude, onyx et diamants.
Les trois croix anciennes, qui jouent un rôle déterminant dans cette histoire, ont été fabriquées tout spécialement par la décoration du film.


jeudi 6 décembre 2007

Jean-Paul II

Dimanche 2 décembre, a eu lieu la dernière de N’ayez pas peur, Jean-Paul II, au Palais des Sports, à Paris. Perturbé par la grève des transports, le nouveau spectacle de Robert Hossein n’a pas pu se poursuivre, comme cela était initialement prévu, jusqu’à la fin de l’année. Dommage. Il était à l’affiche depuis le 21 septembre dernier.

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Après Ben Hur, il y a un an, la Bijouterie du Spectacle a été heureuse et fière de participer à cette nouvelle production de l’équipe de Robert Hossein. Avec, bien entendu, Martine Mulotte à la réalisation des costumes. Ce ne fut pas une mince affaire que de reconstituer – biographie du pape oblige – de nombreuses tenues ecclésiastiques. Auparavant, la costumière avait fait un important travail de documentation, allant même jusqu’à Rome pour y rencontrer l’ancien tailleur du Saint Père. Des tenues blanches de Jean-Paul II, en passant par les soutanes noires des prêtres, les robes rouges des cardinaux et autres habits de religieuses, vêtements civils et militaires, ce n’est pas moins de 370 costumes qui furent ainsi créés pour l’occasion. Les uniformes des gardes suisses, trop compliqués à réaliser, ont été loués en Italie.

De son côté, la Bijouterie du Spectacle a été sollicitée dès le début de l’année pour fournir une partie des croix pectorales et des bagues destinées à être portées par les cardinaux et les évêques. En dépit d’une importante collection de crucifix en tous genres, force nous fut de constater que nous ne pouvions satisfaire totalement à cette demande. Martine Mulotte a donc fait aussi appel à la maison Rancati, à Rome, qui dispose d’un impressionnant stock de bijoux ecclésiastiques. Quant à la croix et l’anneau papales, très caractéristiques, il n’a pas été possible d’en trouver de semblables. Un artisan parisien a été chargé de les réaliser tout spécialement.
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Passons sur les nombreuses péripéties qui ont accompagné la réalisation de cette vaste garde-robe. Retard des fournisseurs, fermetures de nombreuses boutiques durant l’été, disparition de la bague du pape, multiples modifications de dernière minute, tout cela n’a pas découragé l’équipe de costumières, habilleuses et couturières qui a su, une fois de plus, être à la hauteur de cet immense défi.
Même si le sujet n’était pas facile – reconstituer sur scène la vie d’un pape - Robert Hossein est allé jusqu’au bout de l’aventure, franchissant une à une les étapes de son chemin de croix, en homme de théâtre passionné et passionnant. Magnifique.

mardi 4 décembre 2007

Vente de costumes du Châtelet

Samedi 1er décembre, le théâtre du Châtelet a organisé une vente de costumes et accessoires de ses productions, soit près de 1400 pièces. Préparé par Marie-Odile Cross, habilleuse de cette prestigieuse salle depuis vingt ans, l’événement a eu lieu à la Manufacture des Œillets, à Ivry-sur-Seine. A cette occasion les ¾ des lots ont trouvé preneurs, d’autant que cette vente était ouverte à la fois au public et aux professionnels. Aucun bijoux n’était proposé, sinon quelques ornements cousus sur des vêtements. Parmi les costumes figuraient ceux portés par les comédiens d’une douzaine de productions comme Le Malade imaginaire (1990), King Arthur (1995), Don Carlos (1996), La Belle Hélène (2000/2003), Arabella (2000/2005), Le Fou (2004), Peter Pan (2006), etc.
De très belles pièces seront également prochainement mises aux enchères sur internet. En particulier les somptueux habits du Coq d’Or, de Rimski-Korsakov, ouvrage lyrique monté en 1984 et dont le coût des costumes fut l’un des plus élevés de l’histoire de ce théâtre

mardi 13 novembre 2007

La montre de Joséphine


 
Une montre de poche réalisée en 1800 pour l’impératrice Joséphine a été adjugée lundi à 1.505.000 francs suisses (913.810 euros) lors d’une vente aux enchères à Genève, a-t-on appris auprès de la société Christie’s.
Le montant représente plus de sept fois l’estimation basse à 200.000 francs suisses de la société de vente aux enchères. L’acheteur n’a pas été révélé. En or, émail et diamants, l’objet de couleur bleu nuit est l’un des premiers exemplaires des «montres à tact» inventés par Abraham Louis Breguet vers 1790. Ce système permettait de lire l’heure d’un simple toucher, à une époque où il était inconvenant de sortir une montre de sa poche.
Selon la maison Breguet, le cadran a été commandé en 1799 par Joséphine pour 3.000 francs. En 1804, peu après le sacre de Napoléon, le médaillon a été orné de diamants puis agrémenté d’une couronne afin de refléter le nouveau rang de l’impératrice. Joséphine offrira la montre plus tard à sa fille Hortense de Beauharnais et le boîtier sera frappé d’un «H» en brillants.
L’historique de la montre, ses réparations et les factures qui l’accompagnent sont soigneusement conservés dans les archives de la maison Breguet. Joséphine de Beauharnais (1763-1814) épousa le général Bonaparte en 1796 mais sera répudiée en 1809 faute de lui avoir donné un héritier.

mercredi 20 juin 2007

Bijoux et costumes de l'époque Romantique



Les 7 et 14 juin, France 3 a diffusé Dombais & fils une fiction réalisée par Laurent Jaoui et adaptée d'un roman de Charles Dickens écrit en 1848. Tournés durant l'été 2006, à Meudon, Senlis et en Normandie, les deux épisodes de cette série ont permis aux spectateurs de se plonger dans l'histoire familiale d'un grand négociant français de l'époque de Louis-Philippe. Admirable travail de reconstitution salué par la critique unanime. Evidemment, c'est aux costumes et à leurs accessoires que nous nous sommes le plus intéressés. C'est à la chef costumière Anne Brault que Laurent Jaoui – qui avait déjà travaillé avec elle sur plusieurs autres téléfilms – a confié le soin d'habiller acteurs et figurants. Une partie des vêtements de Dombais & fils a été fabriquée, sur ses indications, aux Ateliers du Costume, à Paris. Le reste a été loué chez Tirelli, à Rome, et Sands Films, à Londres. Les bijoux (loués ou fabriqués tout spécialement par Madame Bijoux, à Paris) ont été particulièrement bien choisis. Dans la seconde partie, la nouvelle épouse de Monsieur Dombais (Déborah François) est sentimentalement attachée à un collier de jeunesse : une hirondelle tenant dans son bec une perle. On la voit aussi s'insurger contre son époux (Christophe Malavoy) et manifester son indépendance en jetant sur la table tous les éléments de sa parure (sa bague, deux bracelets, ses boucles d'oreilles, et la barrette de sa coiffure). Au sommet de sa colère elle arrache même son collier de trois rangs de perles.

Ce n'est pas la première fois qu'Anne Brault reconstitue un ensemble de vêtements des années 1830 pour le grand écran. On lui doit aussi les très beaux costumes du film Il ne faut jurer de rien, d'Eric Civanyan (2004). Nous avions remarqué, à l'époque, l'amusante épingle de cravate, en forme de ciseaux, qu'elle avait fait fabriquer pour Gérard Jugnot (qui interprétait un maître tailleur parvenu à s'élever dans la haute société). Anne Brault a débuté sa carrière, en Italie, comme assistante de Gabriella Pescucci (Oscar du meilleur costume pour Le temps de l'innocence de Martin Scorsese). De retour en France, elle a poursuivi ses activités de costumière aux côtés d'Yvonne Sassinot de Nesle (théâtre et opéra) puis en travaillant avec différents metteurs en scène. En 2003, elle a été sélectionnée aux Molières pour les costumes de la pièce Etat critique (déjà avec Gérard Jugnot) mise en scène par Eric Civanyan.

mardi 22 mai 2007

Trésors de la peste noire

 
  Du 25 avril au 3 septembre 2007, le Musée National du Moyen Âge (6, place Paul Painlevé 75005 Paris) organise une exposition intitulée Trésors de la Peste noire : Erfurt et Colmar.
  Pour la première fois en France, le public peut admirer les plus beaux éléments de deux trésors découverts en Allemagne et en Alsace et enfouis à l'époque de la peste noire qui déferla sur l'Europe de 1347 à 1352. Le premier, constitué d'environ six cents pièces d'orfèvrerie et trois mille monnaies a été exhumé, en 1998, à l'occasion de travaux effectués dans l'ancien quartier juif d'Erfurt. Il est conservé à Weimar. Le second, découvert également lors de travaux, en 1863, dans le quartier juif médiéval de Colmar, est aujourd'hui partagé entre le Musée National du Moyen-Âge, à Paris, et le Musée d'Unterlinden, à Colmar. Ces deux découvertes apportent un précieux témoignage sur l'orfèvrerie profane au sein des communautés juives de l'Empire au XIVe siècle. 

  Nous nous arrêterons plus particulièrement sur les bijoux et éléments de parure de ces trésors, pour la plupart en argent, parfois doré, qui offrent un éventail assez représentatif de ce que les bourgeois du moyen âge aimaient porter : bagues, fermaux, ceintures, agrafes, boutons, appliques… On peut ainsi contempler une gamme variée de bagues (omniprésentes dans la parure médiévale), à chaton métallique ou formé d’une pierre enserrée dans une bâte (à bandeau lisse, à cupule dentelée, à griffes…); des fermaux, qui servent à fermer les vêtements, filigranés et enrichis de pierreries; des éléments de ceintures et un ornement de coiffure appelé "chapel". Et aussi tout un ensemble de petites pièces en métal (appliques, agrafes, boutons et affiques), destinées à être cousues sur les costumes, qui servaient aussi bien à le décorer qu'à le fermer ou à en ajuster certaines parties (col, manches….). Elles servaient également à agrémenter des accessoires tels que chapeaux, gants et aumônières et pouvaient adopter des formes très variées : rosettes, cœurs, fleurs de lis… 

  L'histoire nous apprend que ces bijoux étaient indifféremment portés par les hommes et les femmes, qui affichaient ainsi publiquement leur aisance. A tel point que les autorités tentèrent de juguler ces débordements de luxe en promulguant des ordonnances vestimentaires qui fixaient un nombre autorisé de bijoux et leur valeur maximale. Ainsi, une ordonnance de 1356, à Francfort-sur-le-Main, stipule-t-elle que hommes et femmes ne sont pas autorisés à porter plus de deux bagues, une broche en or ou en argent et une ceinture d'une valeur maximale d'un mark d’argent.


Fermail (seconde moitié du XIIIe siècle) Or, pierres, perles
 

Fermail (seconde moitié du XIIIe siècle)
Argent doré, pierres précieuses (améthystes et une pierre verte), corail

Appliques (fin du XIIIe siècle - 1er tiers du XIVe siècle) Argent doré, verre
Photo RMN - © Jean-Gilles Berizzi

Quatre bagues et un fermail (première moitié du XIVe siècle)
Photo RMN - © Jean-Gilles Berizzi





samedi 19 mai 2007

Les diamants de la Païva

 Jeudi 17 mai, à Genève, la maison Sotheby's a procédé à la vente de deux diamants exceptionnels. L'acheteur, resté anonyme et qui enchérissait par téléphone, les a obtenus pour 5,8 millions d'euros, soit presque le double du prix auquel ils étaient estimés. Ces deux précieuses pierres ont de quoi faire rêver. D'un jaune naturel assez rare, on ne connaît pas avec certitude la région géographique dont elles sont issues, soit l'Inde, soit le Brésil. Façonnées au XIXe siècle, elles ont conservé leur forme initiale. L'une, taillée en poire, pèse 82,48 carats et l'autre, taillée en coussin, 102,54 carats.
Mais plus encore que leurs caractéristiques, c'est leur provenance qui suscite le plus d'intérêt. Ces deux diamants ont appartenu à la Païva, figure légendaire de la société parisienne du XIXe siècle. Née à Moscou en 1819, de parents juifs polonais réfugiés en Russie, Esther alias Thérèse Lachman s'était établie à Paris, sous le second Empire. Mariée un temps au riche portugais Albino Franco Arnajo, marquis de la Païva – titre sous lequel elle défraya la chronique scandaleuse – elle habitait un extravagant hôtel particulier aux Champs Elysées, collectionnant amants et diamants. Ses bijoux rivalisaient, voire surpassaient, dit-on, ceux de l'impératrice. Elle mourut en Allemagne en 1884, s'étant unie en troisièmes noces au comte Guido Henckel von Donnersmarck. C'est dans la famille de ce dernier que l'on retrouve ensuite ces deux prestigieux bijoux, sans que leur cheminement, jusqu'à aujourd'hui, puisse être suivi avec précision. En 1878, le diamant de taille coussin a été porté en aigrette; celui en poire, monté en pendentif ou en bracelet, par la maison Chaumet, avant d'être converti en broche, en 1888, pour la princesse Katharina Henckel von Donnersmarck.


vendredi 18 mai 2007

Janvier-Gruson-Prat au pilon ?

  La société Janvier-Gruson-Prat va-t-elle disparaître à cause de tracasseries administratives ? Le Parisien et France Info rapportent en effet que, il y a quelques mois, cette vénérable maison a fait l'objet d'un rapport défavorable de la part de l'inspection du travail de Seine-et-Marne. En gros, il lui est reproché d'utiliser certaines machines anciennes qui présenteraient des risques sur le plan de la sécurité.

  Fondée en 1840, elle est spécialisée dans la fabrication d'estampés (selon la technique de l'estampage, du détourage, de l'ajourage et de l'emboutissage) en cuivre rouge ou en laiton principalement. Héritière d'une tradition plus que centenaire, elle détient une collection d'environ 120 000 modèles issus d'une dizaine d'ateliers parisiens, aujourd'hui disparus, dont les plus anciens remontaient au début du XIXe siècle. Inutile de dire que cette adresse – l'une des dernières en Europe à proposer un tel choix – est notoirement connue des professionnels de la bijouterie et de l'orfèvrerie ainsi que de nombreux métiers d'art. Le théâtre (Opéra de Paris), le cinéma (récemment Marie-Antoinette ou Astérix aux jeux olympiques), le monde du spectacle en général, ont largement, et depuis très longtemps, fait appel à cette extraordinaire réserve pour fabriquer décors et accessoires. La Bijouterie du Spectacle, quant à elle, n'oublie pas le sympathique accueil qui lui a toujours été réservé. Janvier-Gruson-Prat (qui commercialise ses produits en France sous la marque ARTMETAL et à l'étranger sous le label FRAMEX) possède un étonnant show room installé dans le quartier du Marais (17 rue Pastourelle, Paris 3e) dont la visite mérite le détour. Sous cet ancien hôtel particulier du marquis de Sabran s'étend un immense dédale de caves, véritable caverne d'Ali Baba, où s'entassent des milliers d'articles. Une pensée particulière à Lili, notre sympathique guide, qui a toujours su nous trouver la pièce filigranée ou similis, la bâte ou la galerie qui nous manquait. Il est également possible de découvrir les collections de cette maison sur internet : http://www.framex.net/.
Souhaitons que les marteaux pilons de Janvier-Gruson-Prat continuent encore à résonner longtemps.

mardi 15 mai 2007

Les bijoux de la cour de Bourgogne au Moyen-Âge


Cette petite étude, limitée dans le temps (XIVe et XVe siècles) et dans l'espace géographique (la cour de Bourgogne) constitue la première d'une série destinée à mieux faire connaître l'histoire des bijoux, en Europe, à travers les siècles.
Sous les règnes de Philippe le Hardi ou de Charles le Téméraire, les bijoux tenaient une grande place dans le luxe des parures féminines et masculines. Ils étaient exécutés en or, enrichis de pierres précieuses et souvent émaillés. Le blanc fut à la mode vers 1385-1400 et continua, par la suite, à être plus ou moins employé; le rouge et le vert, mêlés de blanc, lui succédèrent; puis un peu le bleu, du noir, du gris et du violet vers 1440-1460, et de nouveau du rouge clair et du blanc vers 1470-1480. A cette époque, les principaux types de bijoux – communs aussi bien aux hommes qu'aux femmes – sont le fermail, le collier, la bague et les patenôtres.
Les fermaux et fermaillets, qui correspondent à nos broches modernes, n'en diffèrent pas par la forme, mais par la taille. Au milieu du XIVe siècle, les fermaux de grandes dimensions, sont des anneaux circulaires, polygonaux ou en forme de cœur; ce dernier type se maintiendra d'ailleurs jusqu'à la Renaissance. Vers 1380-1390, on voit apparaître des plaques partiellement recouvertes d'émail et enrichies de pierres précieuses et de perles. Les motifs les plus fréquents sont les anges, angelots et séraphins, quelques saints, des femmes et des enfants assis dans des jardins, des fleurs (pensées, marguerites et roses), et surtout des animaux des forêts et des champs (chien, lévrier, cerf, lapin, écureuil, brebis alouette, perdrix, faisan, pigeon, aigle et autres oiseaux), enfin quelques bêtes sauvages (tigre, lion, panthère, ours) ou fantastiques (sirène et licorne). A côté de ce type on trouve également, pendant toute cette période, des fermaux à pierreries sans motif, comme le fermail de Trois Frères, composé de trois rubis célèbres, mentionné dans les inventaires des ducs de Bourgogne depuis 1420 et perdu par Charles le Téméraire à la bataille de Grandson, en 1476.
Les fermaux et fermaillets servaient aussi à pendre de petites boîtes reliquaires, des clés ou de minuscules miroirs, généralement suspendus par une chaînette; ils sont souvent portés avec des colliers et des écharpes, et placés sur les chaperons et les robes au gré de la fantaisie.
Le collier apparaît dans les dernières années du XIVe siècle et jouit d'une grande faveur aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Il est alors de grandes dimensions, tombant très bas sur la poitrine, souvent fixé sur une épaule par un fermail et ne s'appuyant pas sur le cou. Il est constitué par une large bande de métal, faite d'anneaux ou d'éléments variés, où sont enchâssées les pierres et suspendues les pendeloques. Les motifs qui forment la bande sont parfois empruntés aux plantes et émaillés : des cosses de genêt (pour plaire au Roi Charles VI dont c'était l'emblème), des marguerites, des fleurettes diverses, des feuilles de chêne, de petites pommes. Les pendeloques sont des perles groupées en "troches" ou isolées, des feuilles de métal branlant ou des clochettes. Les hommes ont porté des colliers de ce type jusque vers 1420-1430.
Les femmes ont raccourci progressivement les dimensions de leurs colliers, qui, vers 1420, au lieu de pendre sur la poitrine, étaient réduit à une bande placée au ras du cou, dans le décolleté de la robe, faisant valoir la blancheur de la peau. Vers 1460-1480, de nouveau large et n'enserrant plus le cou, tantôt enrichi uniquement de pierres précieuses et de perles, tantôt agrémenté de motifs émaillés en forme de lettres ou de fleurs, il comporte toujours des pendeloques, mais n'a plus de fermail apparent.
Un autre type de collier de femme est assez fréquent au milieu du XVe siècle : étroit, formé d'un seul fil de grains de métal, semé de pierres précieuses ou de perles, resserré au bas du cou, il soutien souvent un petit reliquaire dissimulé sous les vêtements.
Les chaînes d'or ou d'argent apparaissent à peu près en même temps que les colliers; elles comportent, comme eux, un décor émaillé, un fermail et des pendeloques souvent constituées par des clochettes ou des feuilles. Elles sont ensuite réduites à des mailles tordues, plus ou moins grandes, formant parfois une large bande et supportant un fermaillet, une croix ou un médaillon en forme de cœur ou de bulle, enrichis de pierres fines et de perles. Les mêmes médaillons et croix sont d'ailleurs souvent suspendus à un simple lac de soie. Vers 1460-1480, quand les femmes portent de larges colliers, les hommes se parent de grosses chaînes d'or sans décor.
Les bagues, quant à elles, ont à peu près les mêmes formes que de nos jours, mais sont portées à tous les doigts des deux mains y compris le pouce, et à toutes les phalanges. On les range dans des "doitiers", conservés dans des étuis de cuir. Le simple anneau est exécuté en métal précieux ou vulgaire, suivant le niveau social de celui qui le porte. A la Cour de Bourgogne, l'anneau d'or uni ou émaillé est le type des cadeaux faits aux serviteurs des princes.
Les bagues les plus répandues ont un chaton de pierrerie parfois agrémenté d'émail. On trouve surtout des diamants et des rubis, plus rarement les autres pierres précieuses et les perles; on utilise généralement qu'une seule pierre, mais les diamants peuvent être disposés en fleurs de plusieurs pièces ou être placés près de rubis. Le cabochon est très volumineux au XIVe siècle et traité en filigrane; beaucoup plus plat au XVe siècle, sa forme se rapproche alors de la chevalière moderne. L'anneau qui porte les pierres fines est en métal, or ou argent, travaillé au XIVe siècle de torsades, ciselé en damier, gravé de lettres d'amour, et, au XVe siècle, émaillé d'une ou plusieurs couleurs dessinant des fleurettes ou d'autres motifs.
Les patenôtres sont l'un des bijoux les plus en faveur à la fin du Moyen âge, dans toutes les classes de la société, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Ancêtres du chapelet, elles servent à réciter les prières, mais les dimensions n'en sont pas fixées; elles comportent un nombre de grains variable, de 30 à 60, correspondant aux Ave Maria, séparés de manière irrégulière par des "signaux" pour les Pater. Grains et signaux sont exécutés dans les matières les plus diverses : or, argent doré ou émaillé, ciselé et travaillé à la façon de Venise, perles, corail, musc enrobé de fils d'or, ambre blanc et jaune, jais, jaspe, calcédoine, cristal et même bois exotique; on n'emploie pas en général les pierres fines, froides au toucher, mais des matières qui se polissent bien et glissent facilement entre les doigts. Les éléments des patenôtres ont la forme de boules ou de boutons, mais les signaux peuvent être de petits tableaux d'or, des fusils ou des croix de Saint André. Les patenôtres sont souvent complétées par une petite croix pendante, un reliquaire ou un médaillon religieux d'or ou d'ambre, et agrémentées en outre de houppes de soie.
Parmi les bijoux féminins, on peut encore signaler : l'attache de manteau, sorte de lien fixé aux deux bords du vêtement, constitué par de nombreux éléments enrichis de pierreries ou par une cordelière dont seules les extrémités placées sur le manteau sont de métal; le doroir, galon chargé de perles et de pierres, disposé de manière symétrique au bord des coiffes ou des coiffures à cornes; Les ceintures, de cuir, de tissu, rehaussées d'armatures et d'appliques de métal, ou entièrement constituées de plaques de métal articulées; les troussoirs, servant à relever les robes, qui n'apparaissent que dans la seconde moitié du XVe siècle et se composent d'agrafes suspendues à des chaînettes.
Enfin, les princes sont souvent représentés par les miniaturistes avec une couronne sur leur chapeau. Mais il semble que ce soit un artifice des artistes pour distinguer le personnage et que, dans la vie réelle, l'usage de la couronne ait été réservé à quelques rares cérémonies officielles.

Bibliographie : Michèle Beaulieu et Jeanne Baylé, Le costume en Bourgogne de Philippe le Hardi à Charles le Téméraire (1364-1477) Paris, PUF, 1956.

lundi 14 mai 2007

Astérix aux jeux olympiques



En juillet 2006, Paris Match a publié, en avant première, quelques photos prises sur le tournage du film Astérix aux jeux olympiques, réalisé par Frédéric Forestier et Thomas Langmann. En tête d'une distribution prestigieuse (Gérard Depardieu, Clovis Cornillac, Benoit Poelvoorde…) Alain Delon y apparaît dans le rôle de César.

Achevée à l'automne 2006, cette importante production a été réalisée en grande partie en Espagne, au studio Ciuduad de la Luz, près d'Alicante. Sa sortie sur les écrans français est annoncée pour la fin janvier 2008. Bien évidemment, notre attention s'est immédiatement portée sur les costumes et leurs accessoires. Leur réalisation a été confiée à Madeline Fontaine qui, à notre connaissance, s'attaquait pour la première fois de sa carrière à la reconstitution de vêtements de l'antiquité. Si l'on en juge par les quelques photos que nous avons pu consulter, elle a su s'acquitter de cette tâche avec beaucoup de talent. Il n'est pas inutile de rappeler que Madeline Fontaine a débuté en "donnant un coup de main" à la costumière de L'été meurtrier, puis en travaillant avec Claude Berry sur Jean de Florette et Manon des sources, avant d'habiller les principaux films de Jean-Pierre Jeunet comme La cité des enfants perdus (1995), Le fabuleux destin d'Amélie Poulain (2001) et surtout Un long dimanche de Fiançailles (2004), pour lequel elle a obtenu un César. En ce qui concerne les bijoux dont sont parés les acteurs d'Astérix aux jeux olympiques (il faut voir les bagues, les bracelets manchettes et la couronne de lauriers de César) la costumière nous a confié avoir travaillé en collaboration par Jean-Patrick Godry, décorateur issu de la rue Blanche, qui a notamment œuvré à la Comédie Française puis chez Thierry Mugler. Les pièces qui ont été utilisées proviennent de différentes sources : louées à Paris et Rome, chinées au Maroc ou fabriquées sur place.


jeudi 5 avril 2007

Ben-Hur

photos Yann Dejardin

  Revenons quelques instants sur le grand spectacle donné par Robert Hossein, au Stade de France, en septembre dernier. C’était la première fois que l’on adaptait, ailleurs qu’à l’écran, Ben Hur, le roman de Lewis Wallace. Pari réussi. Une première également pour la Bijouterie du Spectacle, peu habituée à intervenir sur une aussi grosse production. En même temps, nous faisions la connaissance de Martine Mulotte qui, depuis plus de vingt ans, est la créatrice des costumes des principaux spectacles de Robert Hossein. Habituée au caractère méticuleux, exigeant, parfois «césarien», de son metteur en scène, elle fut, tout au long de cette formidable aventure, d’une efficacité remarquable. Conciliant les impératifs de la scène avec la volonté de respecter la vérité historique, elle a ainsi imaginé et conçu près de 750 costumes, dont 220 tenues de légionnaires. Pour faciliter la perception du spectateur, tout a été mis en œuvre pour bien distinguer les différents protagonistes. C’est ainsi que fut décidé que les romains porteraient des bijoux en or tandis que ceux des judéens seraient en argent. Pour bien souligner l’opposition des groupes.

  Après deux visites à la Bijouterie du Spectacle, Martine Mulotte et ses assistantes ont retenu une soixantaine de pièces (colliers, bagues, bracelets, fibules…), excluant les plus fragiles ou les plus complexes qui risquaient d’être endommagées par les nombreux changements de tenues au cours de la représentation. Mais Robert Hossein n’aime pas beaucoup ce qui étincelle. Pour lui, c’est l’acteur qui doit capturer la lumière, pas son costume. Bien que ne partageant pas cette opinion – mais il faut bien se ranger à l’avis du « maître » - nous avons dû nous résigner à ce que plusieurs bijoux reçoivent une patine pour en atténuer la brillance. Tant pis pour ceux qui avaient été récemment redorés à l’or fin. Le spectacle fut magnifique, notamment la célèbre course de chars. Les parures, par contre, étaient difficiles à distinguer au niveau des spectateurs. Elles furent plus visibles à la télévision, un mois plus tard, quand Ben-Hur fut l’objet d’une émission spéciale de Mireille Dumas.






mercredi 4 avril 2007

Trésors du Spectacle


La Biographie du Spectacle, association créée il y a une vingtaine d'années dans le but de reconstituer la carrière des comédiens français, a cédé récemment la totalité de ses archives à la Bibliothèque du Film (BIFI). Elle a également cessé la publication de La Lettre des comédiens, revue bimestrielle qui a, pendant plusieurs années, ravi les amateurs de biographies exhaustives.

Cependant, elle a conservé un patrimoine caché d'un indéniable intérêt historique et culturel. Une importante collection de bijoux, unique en son genre, héritée de ses fondateurs et de généreux donateurs. Les pièces de cet étonnant trésor remontent, pour certaines, au XIXe siècle. Il s'agit essentiellement de bijoux de spectacle, réalisés pour le théâtre, le cinéma et la télévision. Beaucoup sont uniques. Fabriqués dans le style de différentes époques, couvrant une vaste période allant de l'antiquité au siècle dernier. Certains sont des copies d'objets exposés au Louvre, d'autres des créations originales, dans l'esprit ou d'après des documents anciens. Le moyen âge et la renaissance y ont une large place. Réalisés pour la plupart en laiton doré, tous ces colliers, chaînes, bracelets, boucles, bagues et couronnes, sont agrémentés de fausses pierres, perles et autres ornements qui contribuent à rehausser leur éclat. Certaines pièces ont souffert au cours des années, en particulier parce qu'elles ont beaucoup été manipulées, d'autres sont en meilleur état du fait qu'elles n'ont été utilisées qu'une ou deux fois. Parfois jamais.

Aujourd'hui, la Biographie du Spectacle, en mettant en avant son département Bijouterie du Spectacle, a décidé de redonner vie à ce trésor endormi. Moins pour sa valeur marchande, que pour son originalité et - on peut l'admettre - sa beauté, cet ensemble mérite d'être présenté au public. D'ores et déjà, plusieurs centaines de pièces ont été remises en état, simplement redorées et nettoyées. D'autres nécessitent des interventions techniques plus laborieuses et coûteuses, qu'il est difficile d'envisager dans l'immédiat, faute d'un budget suffisant. D'autres, enfin, n'ont jamais été achevées, comme cette curieuse «main de justice» des rois de France, que la Bijouterie du Spectacle souhaite enfin terminer.

A défaut de disposer d'un espace fonctionnel pour lui permettre d'exposer cette étincelante collection, ses propriétaires souhaitent la rendre accessible par le biais d'expositions ou d'illustrations diffusées dans la presse ou sur internet. Naturellement, il arrive que tel ou tel bijoux, au gré de demandes d'amis costumiers, retrouve, pour un temps, le chemin des studios pour figurer dans un film, un téléfilm ou un documentaire. De même, quelques rares initiés de l'univers de la mode y ont également un accès privilégié. Toujours prête à donner des conseils, au besoin en puisant dans sa très riche base documentaire, la Bijouterie du Spectacle est rapidement devenue le précieux - et discret - auxiliaire de tout un petit monde de professionnels et d'amateurs intéressés par les accessoires de costumes historiques. Un détail qui a son importance : aucune de ces pièces n'est à vendre. Toutefois, toutes celles qui sont en bon état peuvent être louées, ou même prêtées (sous conditions). Etrange et fascinant univers des bijoux factices.