samedi 19 mai 2007

Les diamants de la Païva

 Jeudi 17 mai, à Genève, la maison Sotheby's a procédé à la vente de deux diamants exceptionnels. L'acheteur, resté anonyme et qui enchérissait par téléphone, les a obtenus pour 5,8 millions d'euros, soit presque le double du prix auquel ils étaient estimés. Ces deux précieuses pierres ont de quoi faire rêver. D'un jaune naturel assez rare, on ne connaît pas avec certitude la région géographique dont elles sont issues, soit l'Inde, soit le Brésil. Façonnées au XIXe siècle, elles ont conservé leur forme initiale. L'une, taillée en poire, pèse 82,48 carats et l'autre, taillée en coussin, 102,54 carats.
Mais plus encore que leurs caractéristiques, c'est leur provenance qui suscite le plus d'intérêt. Ces deux diamants ont appartenu à la Païva, figure légendaire de la société parisienne du XIXe siècle. Née à Moscou en 1819, de parents juifs polonais réfugiés en Russie, Esther alias Thérèse Lachman s'était établie à Paris, sous le second Empire. Mariée un temps au riche portugais Albino Franco Arnajo, marquis de la Païva – titre sous lequel elle défraya la chronique scandaleuse – elle habitait un extravagant hôtel particulier aux Champs Elysées, collectionnant amants et diamants. Ses bijoux rivalisaient, voire surpassaient, dit-on, ceux de l'impératrice. Elle mourut en Allemagne en 1884, s'étant unie en troisièmes noces au comte Guido Henckel von Donnersmarck. C'est dans la famille de ce dernier que l'on retrouve ensuite ces deux prestigieux bijoux, sans que leur cheminement, jusqu'à aujourd'hui, puisse être suivi avec précision. En 1878, le diamant de taille coussin a été porté en aigrette; celui en poire, monté en pendentif ou en bracelet, par la maison Chaumet, avant d'être converti en broche, en 1888, pour la princesse Katharina Henckel von Donnersmarck.


Aucun commentaire: