vendredi 10 novembre 2023

L'Œil du dragon

   Ce soir, sur France 2, les bijoux de la Bijouterie du Spectacle seront à l'honneur dans le premier épisode de la saison 4 de la série Astrid et Raphaëlle avec Sara Mortensen et Lola Dewaere dans les rôles principaux. 

  Nos joyaux figurent dans une exposition (fictive) organisée à l'hôtel de Crécy, à Paris; Avec, comme pièce phare L'Œil du Dragon, un diamant exceptionnel de 53,25 carats. Mais le jour de l'inauguration le responsable de la sécurité est retrouvé mort, le crâne fracassé. Quant au diamant, il a mystérieusement disparu.







dimanche 2 juillet 2023

La mode des cordons de montres

  Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle on portait généralement les montres suspendues à des châtelaines. Progressivement, on remplaça ces attaches trop volumineuses par une chaîne ou cordon, plus facile d'emploi, qui permettait de ranger la montre dans un gousset. Vers les années 1780, ont vit commencer la mode - pour les hommes comme pour les femmes - de porter ces cordons par deux (un sur chaque cuisse). Extrêmement suivie dans les années 1785-1789, cette mode perdura pendant la révolution et même après. On plaçait les montres dans deux goussets cousus en haut du jupon ou de la culotte et on faisait pendre les chaînes auxquelles elles étaient attachées le long de la cuisse. On ne rangeait pas que des montres dans ces goussets, parfois aussi des médaillons à portraits ou des régulateurs (montres-boussoles). Ces cordons de montres étaient extrêmement variés : en or, en argent, en graines bleues des Indes (avec des olives d'acier taillées à facette), en rubans de satin ou de cuir de différentes couleurs (liés par des boucles d'or ou d'acier). A l'autre extrémité de chaque cordon pendaient généralement trois ou quatre breloques en or ou en argent (cachet, clef, clef-cachet, etc.).



Montres, cordons de montres et breloques (Collection Bijouterie du Spectacle)

Sans doute le seul point commun entre Marie-Antoinette et Robespierre, tous deux ont sacrifié à la mode de leur époque en portant deux cordons de montres.
A gauche, Marie-Antoinette peinte en 1785 par Adolf Ulrich Wertmüller.
A droite, Robespierre peint en 1791 par Labille-Guiard.







lundi 29 mai 2023

 

A propos de la pièce de corps

de Marie-Antoinette


  De tous les bijoux qu'a pu porter la reine Marie-Antoinette, il en est un qui surpassait tous les autres : sa pièce de corps en diamants. Tant par ses dimensions imposantes que par le nombre et la valeur des pierres précieuses dont elle était composée. Qu'était exactement une pièce de corps ? C'était un ornement d'orfèvrerie, de la forme d'un long triangle isocèle renversé, destiné à décorer le devant du grand corps (bustier) du grand habit d'étiquette. Cette pièce, réalisée en diamants, était en général constituée d'une série de nœuds ou boutons de différentes tailles, placés les uns au-dessus des autres, chacun au centre d'une frise terminée à ses deux bouts par un nœud ou un gland. Le dessin n'était pas toujours le même, selon les modèles, et offrait parfois un décor plus complexe et moins symétrique. La pièce de corps était l'élément central d'une parure de grand corps dont faisaient aussi partie des nœuds d'épaule, une ceinture, des pompons pour les manches et un trousse-queue. Au lieu d'être conservée dans la chambre de la reine, comme tous ses bijoux, cette parure était rangée dans la garde robe avec le grand habit auquel elle était cousue.

  Il est difficile de préciser exactement à quelles années remonte la conception de ce type de bijou qui semble avoir fait son apparition en même temps que les grands habits d'étiquette. Il en est fait mention parmi les joyaux possédés par la dauphine Marie-Josèphe de Saxe (1731-1767), seconde épouse du dauphin Louis (1729-1765). En l'occurrence une pièce de corps en diamants et pierres précieuses qui avait été créée par le joaillier Jean-Baptiste Leblanc pour la précédente dauphine, Marie-Thérèse d'Espagne (1726-1746). Bijoux exceptionnel considéré comme le plus bel ouvrage de joaillerie de son temps.

Dessin de la pièce de corps de la dauphine réalisée par le joaillier Leblanc

  Dès son arrivée en France, en 1770, Marie-Antoinette reçut de Louis XV tous les bijoux de Marie-Josèphe de Saxe, dont la fameuse pièce de corps. L'ensemble était estimé à plus de 1 700 000 livres. Il n'est pas certain qu'elle ait porté ce devant de grand corps, passé de mode, préférant sans doute un modèle plus à son goût. Une lettre d'Ange-Joseph Aubert, joaillier de la Couronne, nous apprend qu'en décembre 1773 il avait renvoyé à Versailles le bout de la pièce de corps de la dauphine, qu'il avait fait réparer. Au début de l'année 1775, alors que Marie-Antoinette devenue reine séjournait à Fontainebleau, celui-ci note encore - dans son livre journal - qu'il est allé lui présenter le dessin d'une pièce de corps.

  Il n'existe aucune description, avant 1782, de la pièce de corps que portait la reine. On peut l'imaginer assez semblable à celle qu'Aubert avait livrée à Madame du Barry, en novembre 1773. Chef d'œuvre d'orfèvrerie composé de 1013 diamants, montés à jour, dont le joaillier avait fourni les deux tiers pour 77 695 livres. Notamment un brillant en forme de pendeloque, fort, net et cristallin, posé à la pointe de la pièce; 2 brillants parfaitement égaux, nets et cristallins au bout des deux grandes parties du haut; 2 brillants nets et blancs aux bouts des deux autres parties du haut; 165 brillants placés dans les bandes de la pièce et 492 autres pour compléter l'ensemble. Mais la favorite n'eut guère le temps d'en profiter. Un an plus tard, après la mort de Louis XV, le nouveau roi l'exila à l'abbaye de Pont-aux-Dames. Son premier visiteur fut son joaillier qu'elle avait appelé pour qu'il revende sa parure de grand corps, estimée 450 000 livres. Après avoir vainement tenté de la faire acheter par la Cour de Turin, Aubert réussit à la vendre à Marie-Joséphine de Savoie, l'épouse du comte de Provence, frère de Louis XVI.

  En août 1782, Marie-Antoinette chargea son joaillier de refaire entièrement sa pièce de corps. L'ancienne fut démontée et on en conserva que les plus belles pierres, soit 795 brillants. Il restait encore 9207 brillants pesant 691 carats, dont certains étaient égrisés et glaceux, qu'Aubert crédita à la reine pour 57 644 livres. Le livre journal du joaillier de la couronne précise que les 795 diamants de la nouvelle pièce de corps étaient très gros, tous à mordaches et charnières dessous, de très grosses rosettes au milieu des bandes et de forts nœuds à chaque bout des bandes, auxquels pendent des glands formés de chatons brisés par des anneaux. Outre 5000 livres pour le remontage de la nouvelle pièce de corps, on paya 2700 livres à l'orfèvre-joaillier Jean-Joseph Rouen, pour la monture. Sans oublier l'écrin pour la ranger, payé 84 livres.

  Il est difficile d'affirmer si c'est cette nouvelle pièce de corps qui fut portée par la souveraine jusqu'à la révolution. Elle fut certainement réparée ou modifiée au cours des années suivantes. Le 26 mars 1784, par exemple, on note à son sujet une dépense de 48 livres pour avoir fait remonter un morceau de la pièce de corps où tient le bouton d'en bas qui était cassé.

Dessin d'une pièce de corps (XVIIIe siècle)

  En 1789, les bijoux de Marie-Antoinette l'accompagnèrent quand la famille royale quitta le château de Versailles pour s'installer au palais des Tuileries. Ce semblant de vie de cour n'empêchait pas la reine de se parer, selon les circonstances, des plus belles pièces de son écrin. Le 27 mai 1790, pour la grande messe de la pentecôte célébrée dans la chapelle des Tuileries, son habit était enrichi par dix des plus beaux diamants de la couronne - dont le Sancy - à l'éclat desquels s'ajoutait celui de sa pièce de corps en diamants.

  Sentant que leur situation devenait de plus en plus précaire, Louis XVI et Marie-Antoinette ne virent bientôt plus d'autre solution que la fuite. En mars 1791, en secret, la reine commença à préparer son départ. Aidée par Madame Campan, sa première femme de chambre, elle rassembla et rangea dans une boite tous ses bijoux de valeur. On n'oublia pas la pièce de corps de diamants qu'il était d'usage de laisser dans la garde-robe avec les autres bijoux du grand habit. Madame Campan demanda à la première femme des atours de la lui remettre discrètement. Ces préparatifs étant achevés, la femme de chambre de la reine dressa un inventaire des joyaux qui avaient été emballés avec, en tête de liste, la fameuse pièce de corps. Elle la décrit ainsi : Article 1er Une pièce de Corps composée de 7 boutons dont un en forme de poire, 6 rangs de chatons composés de 136 chatons et 12 glands, le tout en diamants.

  Quelques jours plus tard, emballée dans une toile cirée, la boîte contenant les diamants de Marie-Antoinette quitta clandestinement la France. Le comte de Mercy-Argenteau, à qui elle avait été confiée, la déposa au Trésor Royal, à Bruxelles, le mardi 15 mars 1791. Presque oublié pendant plusieurs années, le fabuleux trésor finit par être rapatrié à Vienne, en Autriche, où il fut remis à Marie-Thérèse, fille et héritière de Marie-Antoinette. Dès lors, on perd la trace de la plus grande partie de ces bijoux. Certainement dispersés, vendus ou transmis par héritage. Il y a peu de chance qu'on retrouve un jour la pièce de corps de la reine. La mode du XIXe siècle n'étant plus à ce genre de parure, il est probable qu'elle fut démontée et ses diamants vendus.

Maxime Jourdan



jeudi 6 avril 2023

Jeanne du Barry au Festival de Cannes

Le film Jeanne du Barry de Maïwenn, auquel nous avons eu le plaisir de collaborer, va faire l'ouverture du Festival de Cannes, le 16 mai prochain. Ce sera l'occasion de découvrir de nombreux et très beaux bijoux. Comme cette bague à portrait, créée dans l'esprit du XVIIIe siècle, ornée du profil de l'acteur Johnny Depp incarnant le roi Louis XV. Inspirée à la réalisatrice par cette photo d'une bague que le roi George III a offert à sa future épouse la princesse Charlotte de Mecklembourg-Strelitz, le 8 septembre 1761. Bague encore en possession de la famille royale britannique.






mercredi 5 avril 2023

Les bijoux de Lakmé


  La Bijouterie du Spectacle possède dans ses collections une boîte en bois portant l'inscription manuscrite Tiare de Lakmé. On ne l'ouvre que rarement et avec précaution. Dans sa boîte d'origine, se trouve une parure composée d'une tiare conique décorée de perles et de pierres en verroterie, d'un collier de perles blanches et dorées supportant des lotus de pierreries et de deux paires de bracelets en laiton doré. Tous ces bijoux ont été créés au printemps 1891 par la Maison Gutperle dont nous conservons une partie du fonds. On retrouve par ailleurs, dans les archives de cette Maison, l'enregistrement de cette commande accompagnée du dessin qui a servi à la fabrication du collier. Ces trois bijoux ont spécialement été réalisés pour la soprano suédoise Sigrid Arnoldson (1861-1943) pour son rôle-titre de Lakmé, le célèbre opéra de Léo Delibes.

Bijoux créés en 1891 pour la reprise de Lakmé à l'Opéra-Comique

Tiare créée pour Lakmé en 1891

Collier créé pour Lakmé en 1891

  Créé le 14 avril 1883 à l'Opéra-Comique de Paris, Lakmé, qui figure parmi les dix titres français les plus joués au monde, a connu un succès immédiat. En 1887, on prépare sa centième à la salle Favard. C'est alors que se produit une terrible tragédie. Le 25 mai, en pleine représentation du drame d'Ambroise Thomas Mignon, un incendie éclate, provoqué par l'éclairage au gaz de la scène. Très rapidement il embrase toute la salle, faisant quatre-vingt-quatre victimes dont quatorze membres de la troupe et du personnel. En attendant la reconstruction, l'Opéra-Comique s'installe provisoirement au Théâtre des Nations (actuel Théâtre de la Ville), place du Châtelet.

Registre des commandes de la Maison Gutperle, Collection Grafische Sammlung Stern

  A cette époque la jeune soprano Sigrid Arnoldson, 26 ans, qui commence à être connue, signe avec l'Opéra-Comique pour une nouvelle série de représentations de Mignon pour la saison 1887-1888. Léon Carvalho, le directeur de l'Opéra, songe déjà à elle pour une reprise de Lakmé. Durant l'hiver 1887, il lui fait rencontrer Léo Delibes, lequel, enchanté par sa prestation, décide de lui faire travailler lui-même le rôle.

  Mais le destin semble vouloir contrarier la retour de Lakmé à l'Opéra-Comique. Les années 1888-1891 sont en effet marquées par une longue succession de décès au sein de la troupe ayant participé à sa création. Souffrant de surmenage, Edmond Gondinet (co-auteur du livret de Lakmé) s'éteint en 1888. Léo Delibes (le compositeur), Claude Chenevière (ténor et interprète d'Hadji), Auguste Baille (chef de chant), Charles Ponchard (directeur de la scène), Jean-Baptiste Lavastre (décorateur), succombent tous durant l'année 1891. Jean-Alexandre Talazac, ténor et créateur du rôle de Gérald - l'amoureux de Lakmé - meurt à 39 ans, en 1892, au terme d'une longue maladie. Sigrid Arnoldson elle aussi n'est pas épargnée. Le 9 octobre 1887, Maurice Strakosch, son imprésario, décède brutalement d'une embolie après avoir consacré une partie de la journée à la faire répéter.

Sigrid Arnoldson dans le rôle de Lakmé
Photo Studio Nadar, 1891

  En 1891 l'Opéra-Comique est enfin prêt à reprendre Lakmé. Un contrat est signé avec Sigrid Arnoldson, qui connaît bien le rôle pour l'avoir joué avec succès en province et à l'étranger. Les répétitions débutent le 15 avril et se poursuivent jusqu'au 4 mai. A la demande de la soprano, on a repoussé la première au mercredi 6 mai. Mais la veille, coup de théâtre, son mari l'imprésario Alfred Fischhof se présente au théâtre et annonce qu'elle sera dans l'impossibilité de se produire le lendemain. C'est la panique. En toute hâte on fait répéter une jeune chanteuse, Jeanne Horwitz, qui par hasard se trouve sur place et a parfois interprété Lakmé. C'est cette dernière qui est sur scène le jour de la 100ème. La presse, étonnée, évoque une "indisposition" de Sigrid Arnoldson qui, au cours des représentations suivantes, restera irrémédiablement invisible. Le mystère ne sera jamais levé sur les causes réelles de cette étrange défection. On est tenté de faire le rapprochement avec le même événement arrivé huit ans auparavant, en 1883, lors de la création de Lakmé. Quelques jours après la première, la soprano d'origine américaine Marie van Zandt - qui a le rôle principal - informe la direction qu'elle est souffrante et qu'elle ne pourra pas jouer en soirée. Elle utilise semblable excuse deux semaines plus tard, alors que le soir-même elle est aperçue dans une soirée mondaine.

  Sigrid Arnoldson réapparait cependant sur la scène de l'Opéra-Comique en juin, non pas dans l'œuvre de Léo Delibes mais pour huit représentations de Mignon. Au mois de novembre, de retour en Suède, elle triomphe dans le rôle de Lakmé au Grand Opéra Royal de Stockholm. Le roi Oscar de Suède, qui a assisté au spectacle, l'invite dans sa loge pour lui remettre la rare décoration de l'ordre Litteris et ArtibusLe public la reverra enfin sur la scène de l'Opéra-Comique, le 4 mas 1892, où elle fera sa rentrée pour la 145ème de Lakmé.

Maxime Jourdan

Sigrid Arnoldson portant la tiare de Lakmé
Photo Studio Nadar, 1891

Sigrid Arnoldson portant la parure de Lakmé
Collection Bijouterie du Spectacle



dimanche 23 octobre 2022

Cinquante Nuances de bleu

Souvent présent dans les films historiques, à la télévision ou au cinéma, le cordon bleu de l'Ordre du Saint-Esprit fait partie de ces accessoires dont on souhaiterait qu'ils soient les plus rigoureusement conformes à leurs modèles d'autrefois. Il faut avouer que la nuance exacte de sa teinte d'origine est restée, jusqu'à présent, une véritable énigme pour tous ceux qui se passionnent pour ce sujet. En effet, désigné dans les textes réglementaires comme étant bleu céleste, le fameux cordon n'a jamais cessé de varier de couleur d'une source à l'autre. Presque bleu roi sur de nombreux portraits il se révèle être d'un bleu beaucoup plus pâle sur les quelques exemplaires de cordons d'époque qui ont été conservés. Certes, le temps a peut-être modifié la couleur de ces tissus. Il n'en demeure pas moins que la question n'a toujours pas été tranchée.

La collection de cordons bleus de La Bijouterie du Spectacle

mercredi 17 août 2022

Bijoux en jais

 La très belle série britannique Downton Abbey - rediffusée récemment sur Netflix - a remis à l'honneur les bijoux en jais ou en pâte de verre noire, très nombreux dans les différentes scènes de cette série qui se déroule dans les années 1910-1920. C'est bien normal puisque c'est dans ce pays, à l'initiative de la reine Victoria notamment, que les bijoux de deuil se sont multipliés à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Depuis, l'engouement pour les bijoux en jais a traversé la manche pour atteindre désormais les réalisateurs et costumières/costumiers français. Pour son dernier film François Ozon a insisté auprès de Pascaline Chavanne, la créatrice des costumes, pour qu'Isabelle Huppert porte exclusivement des bijoux en jais. Pour répondre à de nouvelles demandes la Bijouterie du Spectacle a considérablement renforcé sa collection  de bijoux en jais qu'elle va encore accroître dans les mois à venir. 



jeudi 17 février 2022

Une réplique de la couronne de Louis XV

Pour fêter les trois-cents ans de la couronne du sacre de Louis XV, créée en 1722, la Bijouterie du Spectacle vient d'en réaliser une très belle réplique. Celle-ci sera disponible à la location, que ce soit pour le cinéma et la télévision, des shooting-photos ou des expositions.

La couronne originale a été réalisée par le joaillier Claude Rondé et assemblée par Augustin Duflos qui possédait un atelier au Louvre. Dès 1729, les pierreries qui la décoraient ont été remplacées par des copies en verre (A l'origine, elle était sertie de 64 pierres de couleurs, 282 diamants et 237 perles). Après avoir été successivement conservée dans le Trésor de Saint-Denis, le garde-meuble de la Couronne, le cabinet des médailles, elle a rejoint le Louvre en 1852 où elle se trouve toujours, dans la galerie d'Apollon.




mercredi 16 février 2022

La châtelaine de Louis XVI

Nous avons dans nos collections une châtelaine créée en 2007 (CHA 07.1). Longtemps oubliée, elle n'est remarquée que dix ans plus tard par la créatrice de costumes Anaïs Romand, venue nous rendre visite pour préparer le film Un peuple et son roi réalisé par Pierre Schoeller. Retenue pour ce tournage (été 2017), elle apparaît furtivement sur le bureau de Louis XVI (Laurent Lafitte). De retour à la Bijouterie du Spectacle elle retrouve sa place où elle va encore dormir pendant près de quatre ans. Elle se réveille soudain en 2021, lorsque Madeline Fontaine la juge digne de figurer dans la série Marie-Antoinette réalisée pour Canal+. La BDS accepte qu'on l'habille un peu plus élégamment en lui ajoutant notamment deux brins pour y accrocher des breloques. Et voilà notre châtelaine repartie à la cour de louis XVI et de Marie-Antoinette. Elle vient de rentrer aujourd'hui, après six mois de tournage, et espère ne pas se reposer trop longtemps avant qu'on l'appelle à nouveau pour faire du cinéma.





jeudi 24 octobre 2019

Un collier de la Toison d'Or de théâtre aux enchères






Le 22 octobre dernier, à Drouot, l'étude Audap et Associés a mis aux enchères un collier de la Toison d'Or de Théâtre en bronze doré orné de pierres de couleur (hauteur totale : 60 cm). Contre toute attente celui-ci, qui était estimé entre 200 et 300 €, a été vendu 944,00 €.

dimanche 17 février 2019

Histoire d'une fausse Toison d'Or



Depuis mars 2014 le Flipje and Streekmuseum de Tiel, en Hollande, était très fier de présenter à ses visiteurs une toison d'or du XVIe siècle en or massif. Exposée sous très haute sécurité et assurée pour 100.000 € elle constituait, du fait de sa rareté, une des pièces maîtresses de ce musée. C'est son propriétaire, un généreux collectionneur américain, qui avait spontanément décidé de la prêter au musée, tout en assurant qu'elle avait déjà été montrée en 2010 et expertisée par Morton & Eden à Londres. Selon lui, cette toison d'or aurait été exhumée à Tiel, en 1970, lors de fouilles effectuées dans les fondations d'une vieille demeure. Tous ces éléments ont même permis de supposer que ce précieux bijou aurait pu appartenir au chevalier Claes Vijgh et daté plus précisément de 1559.

Or, il y a quelques mois, en examinant plus attentivement la toison, Johan Langelaar, de la société ArcheoCare (spécialisée dans la restauration et la conservation d'objets en métaux anciens), remarqua qu'elle présentait de curieuses taches à sa surface. Ce qui était inconcevable si l'objet avait été réalisé dans un métal précieux comme l'or. En y regardant de plus près, il s'aperçut que la toison était beaucoup trop légère pour être en or massif. Le pendentif fut alors confié à l'Agence du patrimoine culturel qui, après des analyses approfondies, conclut qu'il était en laiton recouvert d'une fine couche de dorure. Non seulement il n'était pas en or mais, de surcroît, semblait avoir été fabriqué à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle.

Grâce à l'énergie et à la ténacité de Karin Abelskamp, archéologue, co-fondatrice de la société ArcheoCarel'enquête sur l'origine de la toison allait rapidement progresser. En surfant sur le net elle découvrit que la toison prêtée au musée avait une ou peut-être plusieurs sœurs jumelles localisées en France. En l'occurrence dans les collections de la Bijouterie du Spectacle, à Paris. C'est ainsi qu'à l'automne 2018 elle prit contact avec nous et réussit à nous convaincre de lui confier une de nos pièces. Une première pour notre société qui n'a pas pour habitude de faire voyager aussi loin ses bijoux les plus anciens. L'expédition ne fut pas sans soucis. Le colis postal contenant notre toison fut bloqué dès son arrivée aux Pays-Bas - vraisemblablement par la douane de ce pays - et resta ainsi en transit pendant près de trois semaines. Enfin, quand le paquet fut parvenu à destination les chercheurs purent comparer les deux toisons et affirmer, d'une façon certaine, qu'elles étaient identiques et de la même époque.

Une conférence de presse a été organisée le 14 février dernier, au cours de laquelle toute l'histoire de la découverte de cette fausse toison d'or a été rendue publique. A cette occasion, pour la première fois les deux bijoux ont été présentés côte à côte, démontrant à l'évidence leur parenté.

Nous aurons l'occasion de revenir sur les tribulations des différentes toisons d'or que possède la Bijouterie du Spectacle. Nous en avons de plusieurs types. Mais celle dont il est ici question a un parcours bien connu. Il s'agit d'une pièce réalisée autour des années 1880-1910 par la société Le Blanc-Granger & Gutperle. Maison plus que centenaire (fondée en 1824), cette dernière a cessé toutes ses activités dans la seconde moitié du XX siècle, nous laissant tout ce qui restait de ses productions. Grâce à Stefan Stern, un collectionneur passionné qui a sauvé une partie du fonds des dessins préparatoires de ce fabriquant, nous avons même pu retrouver le dessin qui a servi de modèle pour la création de cette toison.
Maxime Jourdan

Collection Grafische Sammlung Stern

Collection Grafische Sammlung Stern











vendredi 23 novembre 2018

Grandes manœuvres dans le monde de la location de costumes


Après l’acquisition de plusieurs compagnies européennes de location de costumes, l’entreprise espagnole Peris Costumes vient d’ajouter un nouveau fleuron à sa couronne : la Jewel House. L’une des dernières sociétés de location de bijoux de théâtre, de cinéma et de télévision *. Installée à Rome, la Jewel House a été créée en avril 2009 par les costumiers Carlo Poggioli, Serafino Pellegrino et Simona Falanga, qui eux-mêmes avaient racheté et sauvé de la dispersion la société L.A.B.A. fondée à la fin des années soixante par l’acteur/bijoutier Nino Lembo (1913-1987). Elle possède une collection d’une indiscutable valeur, constituée d’environ 15.000 pièces allant de l’antiquité jusqu’à l’époque moderne. La Bijouterie du Spectacle n’ignorait pas que depuis plusieurs années les dirigeants de la Jewel House étaient à la recherche d’un repreneur. Il y a trois ans nous avions même été approchés par Serafino Pellegrino pour que nous lui fassions une offre d’achat. Son souhait était que les trésors accumulés par la Jewel House ne soient pas dispersés et qu’ils puissent demeurer en Europe. Mais ces discussions étaient restées sans suite. Finalement, en juin dernier, ce qui n’était encore qu’une rumeur, était confirmé : Peris Costumes annonçait qu’il venait de racheter la Jewel House. Une belle prise de guerre pour la société espagnole qui pouvait dès lors se féliciter de l’élargissement de son catalogue à la location de bijoux. Rachat suivi trois mois plus tard, le 12 septembre, par le transfert de la totalité du stock de la Jewel House à Madrid. Faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ? Est-ce un avantage ou une contrainte supplémentaire pour les costumiers français ? Les retours d’expérience des uns et des autres nous permettront sans doute d’y voir plus clair dans les mois à venir.

Au-delà de la migration de la Jewel House vers l’Espagne, c’est la restructuration du monde de la location de costumes, menée à marche forcée par l’actuel directeur de Peris Costumes, qui suscite bien des interrogations. Il y a à peine six ans le nom de Javier Toledo Maigne était totalement inconnu des costumiers français. Licencié en économie et droit de l’Université ICADE de Madrid, titulaire d’une maîtrise en administration des affaires, il a d’abord travaillé au sein de grands groupes internationaux avant de fonder, en 1993, la société OKI Systems Ibérica, filiale de l’entreprise japonaise de fabrication d’imprimantes OKI. Pendant près de vingt ans, il y a exercé les fonctions de directeur général et de président exécutif. Que s’est-il passé en juillet 2012 ? Si l’on en croit la presse, la découverte d’irrégularités dans la comptabilité d’Oki Systems Ibérica aurait eu pour conséquences la suspension immédiate de son directeur, son remplacement par un administrateur japonais, et l’ouverture d’une enquête interne. Toujours est-il que c’est le moment que choisit Javier Toledo Maigne pour quitter le groupe OKI et entamer une reconversion spectaculaire. Point n’est besoin d’être du « sérail » pour éprouver, même sur le tard, une passion sincère pour les costumes

Sans plus attendre, dès septembre 2012 Javier Toledo Maigne rachète Péris, une société de fabrication et de location de costumes, installée à Madrid, dont les origines remontent au XIXe siècle. En Europe, la Grande-Bretagne en tête, environ une quinzaine d'entreprises se partagent la plus grande partie du marché de la location de costumes. Le nouveau directeur de Péris n'entend pas en rester là. Très vite il met en œuvre une stratégie d'expansion ambitieuse. C'est ainsi qu'il fait encore l'acquisition d'une société au Portugal, puis d'une autre en Hongrie, en même temps qu'il signe des accords de partenariat avec des compagnies de location allemandes et polonaises. Naturellement, il s'intéresse aussi à la France. En juin 2017, il commence par créer à Biarritz, Péris Costumes France SARL, une société commerciale sans activité connue, aux allures de simple adresse fiscale. Mais ce n'est pas suffisant pour le dirigeant espagnol qui cherche à nouer une alliance plus avantageuse pour Péris costumes. Contre toute attente, Euro-costumes dirigé par Pascale Bourtequoi se laisse convaincre et les deux entreprises peuvent annoncer, dès cet été, la création en commun d'une nouvelle structure intitulée Les Costumes de France. En unissant leurs compétences, leurs capacités de fabrication et leurs stocks respectifs, les deux associés ne cachent pas leur volonté de conquérir une bonne part du marché français.

Maintenant que Péris Costumes s'est implanté en France, qu'il contrôle plusieurs sociétés de location de costumes européennes et qu'il a étendu ses activités à la location de bijoux, que lui reste-t-il à conquérir ? N'y a-t-il pas un risque de voir s'établir un groupe dominant qui s'imposerait sur le marché en proposant des locations à petits prix aux directeurs de production ? Quitte à relever ses tarifs quand il aura éliminé tous ses concurrents. Le poste de créateur/costumier n'est-il pas, à terme, menacé de disparaître dès lors qu'il suffirait aux producteurs de s'adresser directement à ce loueur principal pour obtenir, moyennant un budget global, tel ou tel lot de vêtements prêt à l'emploi ? Qu'importe si quelques costumières ou costumiers ont déjà cédé aux sirènes madrilènes, considérant sans doute qu'il n'y a plus en France de loueurs dignes de ce nom. Et si tel était le cas, pourquoi les Costume Designers britanniques et américains sont-ils de plus en plus nombreux à venir louer chez nous ?

Devant cette situation inédite, aux conséquences problématiques pour l'avenir des sociétés de location de costumes et des costumiers français, on se prend à rêver d'une prise de conscience collective où l'intérêt général, pour une fois, l'emporterait sur nos pratiques hélas trop souvent individualistes. Car n'oublions pas que nous sommes les maillons de la même chaîne et que nous dépendons les uns des autres. Nos métiers liés au costume, qui rassemblent une somme incroyable de talents et de savoir-faire, constituent une magnifique "exception culturelle" qu'il faut défendre et préserver coûte que coûte.

Maxime Jourdan

* Conséquence de ce rachat, la Bijouterie du Spectacle est désormais la seule, en Europe, à se consacrer exclusivement à la location de bijoux de spectacle. Fondée en 2005, elle dispose d'une collection d'environ 5000 pièces.

jeudi 15 novembre 2018

Une nouvelle affaire du collier de la reine ?



  Hier, à Genève, lors d'une vente organisée par Sotheby's un pendentif en diamants qui aurait appartenu à la reine Marie-Antoinette a été adjugé à un acheteur anonyme 36 millions de dollars (32,7 millions d'euros environ). Un record ! Le bijou en question est un petit pendentif en forme de nœud auquel est suspendue une perle poire naturelle (36 mm x 18 mm). Il provient d'un lot de bijoux appartenant à la famille Bourbon-Parme et sa valeur a été estimée, avant la vente, entre un et deux millions de dollars. Et si cette très chère et très précieuse pièce n'avait jamais été la propriété de Marie-Antoinette ?

  En dehors d'une expertise sérieuse qu'on aimerait voir, Sotheby's s'appuie sur les mémoires de Madame Campan, la première femme de chambre de la reine, qui raconte comment tous les bijoux de la souveraine furent expédiés clandestinement à Bruxelles en 1791. C'est peu comme preuve de son illustre origine.

Il se trouve que depuis plusieurs années je travaille précisément à un ouvrage consacré aux bijoux de Marie-Antoinette. Une œuvre d’historien basée essentiellement sur des archives publiques. C’est dire si cette question me passionne et m’autorise à faire valoir une assez bonne connaissance de tout ce qui concerne le contenu des écrins royaux. Je verse donc au dossier une pièce essentielle : le procès-verbal de l’ouverture de la cassette de la reine, le 9 février 1794, à Bruxelles, à 10 heures du matin, en présence de l’archiduc Charles-Louis d’Autriche (frère de l’empereur François 1er), du comte Florimont-Claude de Mercy-Argenteau (à qui Marie-Antoinette avait confié le soin de la mettre en lieu sûr), et du baron Henri Charles de Muller Hornstein (dernier secrétaire d’Etat et de guerre des Pays-Bas autrichiens). Ce procès-verbal est accompagné d’un inventaire détaillé de tous les bijoux contenus dans cette cassette, en l’occurrence une simple boite en bois, au couvercle cloué et scellé, enveloppée dans une toile cirée noire. Quel émerveillement que la lecture de cette liste qui détaille, une à une, toutes les pierreries, parures et perles de la reine. Il serait trop long d’en faire ici l’inventaire exhaustif. Disons seulement qu’on y trouve une pièce de corps, divers colliers, esclavages, girandoles, chatons, médaillons, bracelets, gerbes, montre, boucle de ceinture. Le tout en diamants de différentes tailles. De plus une parure de diamants et rubis (collier, esclavage de quinze pièces, girandoles, nœuds, anneaux, pompons, bracelets, montre, rosettes, œillet), une autre parure d’émeraudes et de diamants (chaine de montre, glands, paire d’anneaux, aigrette, cœur, rosettes), ainsi qu’un certain nombre de boucles et agrafes de corset, chatons, boucles d’oreilles, tous décorés de diamants. Il n’y a que six bagues : quatre ornées de diamants et deux de saphirs. Enfin, différents bijoux composés de perles : une montre, un médaillon, une grande barrière de trois rangs, deux colliers de deux rangs, un anneau, une paire de bracelets de quatre rangs, une boucle de ceinture et 45 perles isolées contenues dans un papier. Seuls deux glands en diamants, cités dans l’inventaire, n’ont pu être retrouvés dans la boite. Et le fameux pendentif en diamants avec sa grosse perle-poire vendue par Sotheby’s ? A l’évidence il n’apparait pas dans cette liste, du moins sous son aspect actuel. On pouvait s’en douter. Voilà qui n’est pas de nature à nous conforter sur l’origine royale de ce bijou.


samedi 3 novembre 2018

La broche-nœud de Kensington


Dans nos collections cette réplique de la Kensington Bow Brooch de la reine Elisabeth. Réalisée par la Maison Collingwood & Co et offerte en 1893 par les habitants de Kensington, en cadeau de mariage, à la future reine Mary. La reine Elizabeth en a hérité en 1953 et la porte souvent, comme sur la photo ci-dessous lors des obsèques de sa mère, en 2002

Kensington Bow Brooch


jeudi 25 octobre 2018

La dernière montre de Marie-Antoinette


Dans quelques jours débute à Bruxelles le tournage d’un docu-fiction en deux parties intitulé Ils ont jugé la reine. Réalisée par Alain Brunard cette co-production franco-belge est centrée sur le procès de Marie-Antoinette en 1793. Voici un extrait de présentation du film par la production : Il n’aura fallu que trois jours et deux nuits – du 14 au 16 octobre 1793 – pour juger, condamner et exécuter celle qui fut la dernière reine de France. Mais l’issue était connue d'avance, fruit de tractations politiques et de luttes de pouvoir. Grâce à des documents longtemps cachés, d’une valeur historique indéniable – Les documents secrets du procès de Marie-Antoinette – récemment découverts, le film révèle comment, pourquoi et dans l’intérêt de qui le procès a été truqué.
Le tournage se déroulera pendant tout le mois de novembre et cette fiction sera livrée en avril 2019 pour être diffusée sur Arte. Le chef costumier est Joaquin Balabriga et Marie-Antoinette sera interprétée par Maud Wyler.
Voici quelques-uns des bijoux que nous avons réalisés pour ce film, notamment une réplique d’une montre Bréguet en or, à répétition, avec son cordon et ses breloques. La reine en avait fait l’acquisition le 4 septembre 1792 pour remplacer celle qu’elle s’était fait voler le 10 août sur le trajet entre le palais des Tuileries et l’Assemblée Nationale. Montre qui sera d’ailleurs confisquée par le Département de police de la Commune de Paris, un mois avant son procès, le 10 septembre 1793.


lundi 21 mai 2018

Versailles, l'ultime saison


L'ultime saison de Versailles (dix épisodes) est diffusée sur Canal+ depuis le 23 avril.

 Louis XIV (George Blagden) portant le Grand Collier de l'Ordre du Saint-Esprit

Les bijoux loués pour la série Versailles