vendredi 25 janvier 2008

Les enseignes de chapeau au XVIe siècle

Henri IV (Musée de la Rochelle)
Le roi porte une bordure de chapeau constituée de chatons de pierreries
et une enseigne composée de neuf diamants
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A l’origine, l’enseigne ou insigne était une sorte de broche, généralement en plomb ou en étain, que l’on portait au chapeau ou parfois sur la cape. Très en vogue du XIIe siècle au XVIe siècle, ces petits objets furent d’abord des souvenirs ramenés de lieux de pèlerinages (Saint-Jacques de Compostelle, Rome, Jérusalem, le Mont Saint-Michel, etc.) avant de se diversifier, dès le XIVe siècle, pour devenir des insignes profanes. Emblèmes politiques, commémoratifs, érotiques, fantastiques, corporatifs et de métiers, ils orneront bien des coiffures, contribuant à préciser l’identité, le statut ou la personnalité de leurs propriétaires, quand ils n’étaient pas utilisés comme amulettes.
Avant de disparaître, au début du XVIIe siècle, ces broches serviront aussi à orner les chapeaux des grands seigneurs. En or, émaillés, garnis de pierres précieuses, ce furent alors des bijoux de prix destinés à renforcer le luxe des habillements. Très peu ont été conservés.

Enseigne de chapeau (XVIe siècle)

Bibliothèque Nationale (Département des Monnaies, Médailles et Antiques)

Le célèbre portrait de François 1er peint par Clouet, exposé au Louvre, le représente portant une enseigne à son chapeau. Le département des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque Nationale, quant à lui, détient un bijou de ce type qui aurait peut-être appartenu à ce grand roi. Il s’agit d’une plaque ovale en or, ciselée et émaillée, figurant un combat de cavaliers (photo).
Dans l'inventaire après décès de François II, en 1560, on trouve « une enseigne d'or, le fond de lapis et dessus une figure d'une Lucrèce. Une autre enseigne sur un fond de jayet où il y a ung homme esmaillé de blanc et ung armet d'acier sur un pied d'estier (piédestal) où est ung saphir; une enseigne d'un David sur un Goliat. la teste, les bras et les jambes d'agate; une enseigne garnie d'or où il y a une Cérés appliquée sur une agate, le corps d'argent et l'habillement d'or; et quatre petites enseignes de feuilles d'or estampées de dévotions.»
Dans celui du prince de Condé, dressé en 1588, on remarque « une enseigne d'or où il y a ung pourtrait d'homme ayant une espée en main et le monde en l'autre; ainsi qu’une enseigne d'or en laquelle y a un portrait de femme.»
En 1591, parmi les bijoux ayant appartenu à Henri III figurent une enseigne en forme de plume ornée de trois grands cabochons de rubis, onze grands diamants et le reste couvert de petits diamants et rubis; une autre enseigne émaillée de blanc, vert, rouge et azur ornée de sept diamants en triangle et huit petits diamants au milieu, avec un rubis cabochon et dix-neuf perles autour; une autre enseigne d'or émaillé de blanc garnie au milieu d'une émeraude en cabochon, de huit petites émeraudes et de plusieurs petits rubis; une autre enseigne émaillée de rouge, vert et azur avec sept diamants, celui du milieu manquant, et une dernière enseigne sertie de petits diamants.
En juin 1591, Henri IV achète au joaillier François Mallard «une enseigne d'or faicte en pannache et enrichie de plusieurs dyamans, et le pannache au bout de ladicte enseigne enrichy de plusieurs dyamans de prix» pour 14 000 écus.

Bien sûr, il y en avait de plus modestes et accessibles aux petites bourses. Bernard Palissy écrit en 1575 « Je m'asseure (j'affirme) avoir veu, donner pour trois sols la douzaine des figures d’enseignes que l'on portoit aux bonnet, lesquelles estoient si bien labourées (travaillées) et leurs esmaux si bien parfendus (appliqués) sur le cuivre qu'il n'y avoit nulle peinture si plaisante. »

mercredi 23 janvier 2008

D'où viennent les couleurs du saphir et du rubis ?

Un saphir de 478 carats ayant appartenu à la Reine Marie de Roumanie (AFP)

Les pierres précieuses, c'est un peu le monde à l'envers. Tandis que le diamant ruisselle de mille feux grâce à sa limpidité et à sa pureté cristalline, les pierres précieuses, rubis, saphir, mais aussi émeraude, topaze et une trentaine d'autres, sont devenues précieuses parce qu'elles sont… impures. Car c'est bien parce qu'elles contiennent des impuretés qu'elles ont autant de valeur. Sans leurs impuretés, ces pierres ne seraient certainement que de vulgaires cailloux que personne ne convoiterait.
Les pierres précieuses fascinent les hommes, sans doute depuis toujours. Les Perses pensaient même que la Terre reposait sur un gigantesque saphir dont les reflets coloraient le ciel en bleu. Le saphir est la pierre divine par excellence. On en trouve pratiquement sur tous les continents : en Asie du Sud-Est, en Chine, au Sri Lanka, à Madagascar, en Australie et aux États-Unis, les plus réputés étant ceux de Birmanie et du Cachemire. La France a eu un petit gisement de saphirs dans le Cantal qui n'est aujourd'hui plus qu'une curiosité géologique.
Le rubis, la pierre de l'amour, est lui une pierre précieuse dont toute la valeur repose sur la couleur : elle passe en revue tous les rouges, de l'écarlate «sang de pigeon» ou «sang de taureau» au léger «framboise clair» ou «groseille». Le rubis est un peu plus fragile que le saphir, mais ce sont les pierres les plus dures, juste après le diamant.
Contrairement au diamant, qui est fait de cristaux de carbone, les saphirs et les rubis sont constitués de cristaux d'atomes d'aluminium et d'oxygène. Ils appartiennent à la famille des corindons. À l'état pur, ils sont incolores. Mais, le plus souvent, d'autres atomes viennent se mêler à ceux d'aluminium, les remplacer en plus ou moins grand nombre. Ainsi, le bleu du saphir est provoqué par la présence de fer et de titane. Le rouge du rubis est créé par la présence de chrome et de vanadium. Les saphirs verts mélangent les impuretés responsables du bleu, fer et titane, avec celles donnant le jaune (une forme particulière d'atome de fer). Il existe toute une gamme de saphirs roses, orange ou lavande. En fonction de la concentration de ces atomes « colorés», la couleur sera plus ou moins vive et la présence ou non d'autres impuretés déterminera la transparence de la pierre. La dureté du saphir et du rubis varie selon l'orientation des cristaux, une donnée importante à connaître pour la taille.
Parmi les saphirs bleus les plus gros, on peut citer le «saphir Logan» qui atteint 423 carats, soit presque 85 grammes (un carat pèse 0,2 g). Le «saphir Logan» est taillé en coussin dans un cristal provenant du Sri Lanka et est conservé à la Smithsonian Institution à Washington. Citons également un saphir de 258 carats, d'un très beau bleu vif qui appartint à la couronne de Russie ; l'«Étoile de l'Inde», un saphir étoilé de 563 carats, à l'American Museum de New York ou encore l'«Étoile de minuit », couleur bleu noir, de 116 carats, l'«Étoile d'Asie» de 330 carats.
Le saphir est bien plus répandu que sa pierre jumelle, le rubis, du fait que ses substances colorantes sont bien plus courantes. Le saphir reste la pierre la moins coûteuse des quatre principales pierres précieuses en tenant compte de critères «moyens». Mais un saphir de 15 à 20 carats taillé commence à devenir une rareté. En dessous de ces poids, on en trouve plus facilement. D'autant que depuis une vingtaine d'années, les saphirs sont devenus beaucoup plus accessibles grâce à un procédé de chauffage. Les pierres qui auparavant avaient des couleurs ternes et manquaient d'éclat acquièrent couleur vive et clarté par un passage au four à haute température. Et le pire est qu'il n'y a pas de différences visibles entre une pierre traitée ou non.
Les mesures de sécurité antiterroristes ont d'ailleurs eu une conséquence inattendue sur les pierres précieuses. Car devant les menaces causées par les poudres blanches dans les courriers, il avait été décidé d'irradier les enveloppes. Des dizaines de carats de saphirs bleus ainsi transportés sont ainsi devenus jaune orange tandis que des perles blanches devenaient grises ou noires.
La chronique de Jean-Luc Nothias (Le Figaro, 23 janvier 2008)

mardi 15 janvier 2008

Les cheveux de la dernière femme d'Henry VIII vendus aux enchères

Une mèche de cheveux vieille de 500 ans, censée avoir appartenu à Catherine Parr, la sixième et dernière femme du roi Henry VIII, a été vendue aux enchères aujourd'hui à Londres pour 2.160 livres (2.850 euros) .
La mèche blonde a été acquise par Charles Hudson, qui réside à Wyke Manor, dans le Worcestershire (ouest de l'Angleterre), une propriété donnée selon lui à Catherine Parr par son époux. "C'est assez incroyable de quitter Londres avec les cheveux de la femme d'Henry VIII dans ma poche", a-t-il déclaré.
La poignée de cheveux, sous un cadre oval, a été vendue pour près de quinze fois le prix estimé de 150 livres (200 euros).
"La provenance de l'objet a été vérifiée et nous pensons que ce sont les cheveux de Catherine Parr. Aucun test ADN n'a cependant été effectué", a expliqué une porte-parole de la maison d'enchères Bonhams.
Catherine Parr avait épousé Henry VIII en 1543, à l'âge de 31 ans, et était restée à ses côtés jusqu'à sa mort en 1547.

jeudi 10 janvier 2008

Les bagues de Monsieur, frère du roi

Il y a quelques jours, à propos de Louis XIV, nous avons souligné que le monarque ne portait pas de bagues. Bien sûr, si de nouveaux documents venaient infirmer cette allégation nous ne manquerons pas d'en faire état.
Par contre, son frère Philippe dit Monsieur, en possédait beaucoup. Curieux prince, qui raffolait des joyaux et était, en la matière, un arbitre des élégances. Voila le portrait qu'en fait Saint-Simon : « C'était un petit homme ventru, monté sur des échasses tant ses souliers étaient hauts, toujours paré comme une femme, plein de bagues, de bracelets et de pierreries partout, avec une longue perruque toute étalée devant, noire et poudrée et des rubans partout où il pouvait mettre, plein de sortes de parfums et en toutes choses la propreté même. »
A sa mort, en 1701, on dressa l'inventaire de tous ses biens lesquels comprenaient, entre autres, pour 1 621 522 livres de joyaux divers. Parmi ceux ci, un certain nombre de bagues dont voici la description.
La plus importante était composée d'un grand diamant provenant du cardinal de Richelieu ainsi décrite : "Une bague d'un grand diamant brillant à douze pans d'eau bellissime dit le Cardinal de Richelieu, prisé la somme de vingt mil livres" (il pouvait peser de 12 à 15 carats). Suivaient une bague ornée d'un beau rubis d'Orient et de deux roses aux côtés estimée 1200 livres, une bague d'un rubis d'Orient et de deux diamants de 800 livres, une d'un rubis cabochon en cœur entouré de douze diamants en table estimée 110 livres, une d'un spinelle à huit pans et de six roses, estimée 300 livres, une d'une topaze d'Orient et de six diamants pour 600 livres, une d'un très beau saphir violet et de deux brillants pour 400 livres, une d'un petit saphir et de seize petits brillants pour 50 livres, une d'une émeraude cabochon et de six diamants pour 160 livres, une d'une turquoise de vieille roche avec dix-huit diamants pour 260 livres, puis deux bagues, l'une d'un diamant triangle avec [un morceau] de la Vraie Croix dessous entouré de petits diamants et l'autre d'un diamant plat avec un chiffre dessous, estimées 500 livres et, enfin, dix-huit bagues de toutes sortes de pierres de couleur de peu de conséquence, dont quelques-unes n'avaient que des portraits, et estimées 120 livres.

mardi 8 janvier 2008

Louis XIV à la télévision

Notre recensement des acteurs qui ont interprété Louis XIV ne serait pas complet si nous ne disions pas deux mots de ceux qui ont joué ce rôle à la télévision.
Dans l’ordre : Jean Leuvrais, dans Mademoiselle Molière de Jean-Paul Sassy (1964) ; Michel Pilorgé dans Le château perdu de François Chatel (1973) ; Denis Manuel dans Molière pour rire et pour pleurer (1973) ; Olivier Lefort (Louis XIV enfant), Daniel Mesguich (Louis XIV adulte) dans Le cardinal de Retz de Bernard d’Abrigeon (1975), Paul Barge dans Le Lauzun de la Grande Mademoiselle de Yves-André Hubert (1976) ; Jean-Claude Penchenat dans Molière d’Ariane Mnouchkine (1978), Roger Mollien dans Le pain de fougère d’Alain Boudet (1981), Didier Sandre dans L’Allée du roi de Nina Companéez (1995) ; Raymond Aquaviva dans Julie, chevalier de Maupin de Charlotte Brandstrom (2004); Samuel Theis dans Versailles, le rêve d'un roi de Thierry Binisti (2007).

lundi 7 janvier 2008

Louis XIV au cinéma

Sacha Guitry dans Si Versailles m'était conté

En rédigeant l'article précédent, consacré à Louis XIV, nous nous sommes plongés dans les archives pour savoir quels ont été les acteurs qui ont interprété le souverain à l'écran. Nous n'imaginions pas que la liste était si longue. Elle commence aux débuts du cinéma, en 1904, où pour la première fois le roi apparaît sous les traits de Vincent Denizot dans Le Règne de Louis XIV, de Vincent Lorant-Heilbronn. Cinq ans plus tard, en 1909, c'est René d'Auchy qui l'interprète dans Molière de Léonce Perret. Puis, en 1911, Emile Chautard dans Fouquet, l'homme au masque de fer, réalisé par Camille de Morlhon. En 1935, c'est un Louis XIV jeune que compose Jean Bara dans Jérôme Perreau, héros des barricades d'Abel Gance. Trois ans après, en 1938, dans Remontons les champs-Elysées de Robert Bibal et Sacha Guitry ce sont deux acteurs, cette fois, qui jouent le grand roi : Jacques Erwin est Louis XIV jeune, et Maurice Schutz, Louis XIV âgé.
En 1945, Maurice Escande l'incarne à son tour dans Echec au Roy de Jean-Paul Paulin. Naturellement, dans son merveilleux film Si Versailles m'était conté, qu'il tourne en 1954, Sacha Guitry se réserve le rôle du roi âgé et confie à Georges Marchal celui du roi jeune. L'année suivante, dans l'Affaire des poisons de Henri Decoin, on se souvient à peine de Raymond Gérôme, tout comme de Philippe Noiret qui coiffe lui aussi la couronne dans Les Amours célèbres de Michel Boisrond, tourné en 1961. Henri Decoin, toujours lui, réalise Le masque de fer (1962) et confie cette fois le rôle à Jean-François Poron. Entre 1964 et 1966, dans sa série des Angelique, Bernard Borderie choisit Jacques Toja, de la Comédie Française, qui compose un élégant Louis XIV dans les trois premiers films.
Grand moment de cinéma, en 1966, quand Roberto Rossellini tourne – à l'origine pour la télé – le mémorable La prise du pouvoir par Louis XIV où il confie à un jeune inconnu, Jean-Marie Patte, l'illustre fonction.
Passons sur Le fou du roi d'Yvan Chiffre, en 1984, qui voit Jean Desailly camper lui-aussi le monarque, et Monsieur de Pourceaugnac, l'année d'après, réalisé par Michel Mitrani qui s'est réservé le rôle.
En 1993, Roger Planchon relève le défi avec son Louis, enfant roi, joué par Maxime Mansion, suivi par La fille de d'Artagnan, de Bertrand Tavernier, en 1994, où Stéphane Legros fait une royale apparition.
Un peu plus tard, en 1997, Thierry Lhermitte est un Louis XIV, quasiment chauve, dans Marquise de Vera Belmont. En 2000, c'est un roi plus jeune que joue l'anglais Julian Sands dans Vatel de Roland Joffé, et un autre, plus âgé, qu'illustre Jean-Pierre Kalfon dans Saint-Cyr de Patricia Mazuy. Mention spéciale, au très beau film Le Roi danse de Gérard Corbiau, lui aussi réalisé en l'an 2000, où Benoit Magimel interprète un Louis XIV virevoltant. Dernier en date, Jean de la Fontaine, de Daniel Vigne, tourné en 2007, dans lequel le rôle du monarque a été attribué à Jocelyn Quivrin.

vendredi 4 janvier 2008

Louis XIV et Versailles


Annoncé depuis plusieurs semaines, le documentaire-fiction Versailles, le rêve d’un roi a enfin été diffusé avant-hier sur France 2. Réalisé par Thierry Binisti (co-production Les films d'ici et France 2) durant l'été 2007, il retrace l'histoire de Louis XIV et, parallèlement, toutes les étapes de la construction du château de Versailles.
Spectacle magnifique, décors somptueux, rigueur des informations et des faits historiques, rien n'a manqué à ce film de télévision pour combler le spectateur le plus exigeant.
Il serait mesquin de juger le travail de la créatrice de costumes (Valérie Adda) dont nous ne pouvons que saluer l'excellent résultat, compte tenu des moyens mis à sa disposition. Les costumes royaux, entre autres, ont été reconstitués avec beaucoup de réalisme. Et l'acteur choisi pour incarner le roi, Samuel Theis – dont c'était le premier rôle à la télévision – nous a paru posséder la morphologie de l'illustre monarque. En effet, contrairement à une idée encore largement répandue, Louis XIV était grand, même très grand par rapport à ses contemporains. Il mesurait cinq pieds huit pouces, c'est-à-dire 1,84 m.
Les bijoux, les fameux bijoux du roi. C'est peut-être le seul aspect de ce docu-fiction qui nous a laissé sur notre faim. Tout au long des 90 minutes du film, le comédien qui incarne Louis XIV arbore sur son habit la même plaque de l'ordre du Saint-Esprit, comme si le souverain n'en changeait jamais, et la même épingle de cravate, en faux diamants. C'est trop peu pour illustrer le raffinement dont ce monarque a toujours fait preuve dans le choix de ses bijoux. Mais le plus surprenant, pour nous, a été de découvrir aux doigts de Samuel Theis pas moins de cinq bagues, assez anachroniques d'ailleurs. En réalité, Louis XIV n'en a jamais porté, il suffit d'observer la plupart de ses portraits. D'ailleurs, Saint-Simon le confirme dans ses Mémoires : "Il était toujours vêtu de couleur plus ou moins brune avec une légère broderie, jamais sur les tailles, quelquefois rien qu'un bouton d'or, quelquefois du velour noir. Toujours une veste de drap ou de satin rouge, ou bleue ou verte, fort brodée. Jamais de bague, et jamais de pierreries qu'à ses boucles de souliers, de jarretières, et de chapeau toujours bordé de pont d'Espagne avec un plumet blanc. Toujours le cordon bleu dessous, excepté des noces ou autres fêtes pareilles qu'il le portait par dessus, fort long avec pour huit ou dix millions de pierreries."
On sait que Louis XIV avait une passion pour les pierres précieuses. Il en a acheté pendant toute sa vie. L'inventaire de l'ensemble des diamants et pierreries de la couronne de France, en 1691, permet d'imaginer la splendeur et l'inestimable valeur de sa collection. Parmi ceux-ci, le Sancy, estimé 600 000 livres (qu'il portait généralement au chapeau), le Diamant Bleu, évalué 400 000 livres et le Grand Saphir, 40 000 livres, montés chacun sur un bâtonnet d'or émaillé, dont il se servait comme épingles pour fixer sa cravate de dentelles. Il possédait plusieurs parures de diamants, composées de centaine de boutons, de fleurons, de boutonnières, pour ses vestes et justaucorps, de crochets de joaillerie pour orner ses chapeaux, de boucles pour ses jarretières et ses chaussures. Enfin, le roi avait aussi plusieurs croix de chevalier de l'ordre du Saint-Esprit dont il portait généralement deux exemplaires, l'un accroché sur le côté gauche de son justaucorps et l'autre suspendu à un cordon bleu qui lui barrait la poitrine. C'est sous son règne que ce type de décoration fut exécuté pour la première fois en joaillerie. Une de ces croix, fabriquée en 1663, était composée de 112 diamants, une autre, fournie en 1672, en comptait 120.