Le Puy du Fou a
annoncé vendredi dernier qu’il venait d’acheter aux enchères, en
Grande-Bretagne, un anneau ayant appartenu à Jeanne d’Arc.
Estimée au
départ 19.051 euros, la précieuse relique a finalement atteint la coquette
somme de 376.883 euros. C’est très cher payé pour un objet qui, à notre avis, suscite
bien des interrogations sur son authenticité. La société britannique de vente
aux enchères Timeline Auction s’était pourtant couverte, sur son site internet,
en ne parlant que d’un anneau « associé à Jeanne d’Arc ». On attend
avec impatience la conférence de presse du Puy-du-fou, le 20 mars prochain, au
cours de laquelle la fameuse bague sera présentée ainsi que les documents
attestant son ancienneté. D’ores et déjà il y a une contradiction entre
l’affirmation de son nouveau propriétaire qui indique qu’elle est restée
« six-cents ans en Angleterre jusqu’à cette vente aux enchères » et cet
entrefilet paru dans la revue « Le Pays-Lorrain » en 1953 : Un collectionneur anglais, le docteur James Hasson, vient de donner à la
France un petit coffret contenant une bague réputée être la bague de Jeanne
d’Arc. Cette relique, curieuse, aurait été recueillie par le cardinal Henry de
Beaumont, confesseur de Jeanne d’Arc, après la mort de celle-ci.
Pourquoi toutes ces allées et venues de part et d’autre de la Manche ? On sait,
par la maison de vente aux enchères, que l’anneau est apparu lors d’une vente en février 1929
et est resté dans une collection privée jusqu’en 1947. Il est alors racheté,
toujours aux enchères, par le docteur Hasson. Celui-ci semble avoir déjà voulu
le donner à la France en 1953. Le don a-t-il eu lieu ? Ce qui est certain
c’est qu’il a été conservé par l’un des héritiers de James Hasson jusqu’à sa remise
en vente tout récemment.
Olivier Bouzy
docteur en Histoire médiévale et spécialiste de Jeanne d’Arc est un des
premiers à avoir émis des doutes sur l’historicité de l’anneau acquis par Le
Puy-du-Fou. "Il y a une contradiction majeure entre l'anneau vendu et la
description faite de la relique par Jeanne d'Arc elle-même, explique-t-il sur
France Info, et rappelle que la pucelle avait à l'époque décrit un anneau en
cuivre alors que celui qui a été vendu est en argent. Elle affirmait aussi que
cet anneau était entre les mains des Bourguignons. En effet, rien ne
prouve que les Bourguignons l'ont donné au cardinal anglais Henri Beaufort
comme la légende de l'anneau vendu le dit".
En ce qui nous
concerne nous penchons pour une bague fabriquée de toutes pièces au siècle
dernier ou, à défaut, une bague du XVe siècle sur laquelle on aurait ajouté les
inscriptions qui figuraient sur celle de Jeanne d’Arc. Il parait qu’il est
difficile de faire des expertises sur des métaux qui datent d’avant le XVIe
siècle. Il parait aussi que si on rassemblait toutes les reliques de la vraie
croix du Christ, on pourrait s’en servir pour construire une nouvelle réplique
de l’Hermione.
M. J.