jeudi 5 avril 2007

Ben-Hur

photos Yann Dejardin

  Revenons quelques instants sur le grand spectacle donné par Robert Hossein, au Stade de France, en septembre dernier. C’était la première fois que l’on adaptait, ailleurs qu’à l’écran, Ben Hur, le roman de Lewis Wallace. Pari réussi. Une première également pour la Bijouterie du Spectacle, peu habituée à intervenir sur une aussi grosse production. En même temps, nous faisions la connaissance de Martine Mulotte qui, depuis plus de vingt ans, est la créatrice des costumes des principaux spectacles de Robert Hossein. Habituée au caractère méticuleux, exigeant, parfois «césarien», de son metteur en scène, elle fut, tout au long de cette formidable aventure, d’une efficacité remarquable. Conciliant les impératifs de la scène avec la volonté de respecter la vérité historique, elle a ainsi imaginé et conçu près de 750 costumes, dont 220 tenues de légionnaires. Pour faciliter la perception du spectateur, tout a été mis en œuvre pour bien distinguer les différents protagonistes. C’est ainsi que fut décidé que les romains porteraient des bijoux en or tandis que ceux des judéens seraient en argent. Pour bien souligner l’opposition des groupes.

  Après deux visites à la Bijouterie du Spectacle, Martine Mulotte et ses assistantes ont retenu une soixantaine de pièces (colliers, bagues, bracelets, fibules…), excluant les plus fragiles ou les plus complexes qui risquaient d’être endommagées par les nombreux changements de tenues au cours de la représentation. Mais Robert Hossein n’aime pas beaucoup ce qui étincelle. Pour lui, c’est l’acteur qui doit capturer la lumière, pas son costume. Bien que ne partageant pas cette opinion – mais il faut bien se ranger à l’avis du « maître » - nous avons dû nous résigner à ce que plusieurs bijoux reçoivent une patine pour en atténuer la brillance. Tant pis pour ceux qui avaient été récemment redorés à l’or fin. Le spectacle fut magnifique, notamment la célèbre course de chars. Les parures, par contre, étaient difficiles à distinguer au niveau des spectateurs. Elles furent plus visibles à la télévision, un mois plus tard, quand Ben-Hur fut l’objet d’une émission spéciale de Mireille Dumas.






mercredi 4 avril 2007

Trésors du Spectacle


La Biographie du Spectacle, association créée il y a une vingtaine d'années dans le but de reconstituer la carrière des comédiens français, a cédé récemment la totalité de ses archives à la Bibliothèque du Film (BIFI). Elle a également cessé la publication de La Lettre des comédiens, revue bimestrielle qui a, pendant plusieurs années, ravi les amateurs de biographies exhaustives.

Cependant, elle a conservé un patrimoine caché d'un indéniable intérêt historique et culturel. Une importante collection de bijoux, unique en son genre, héritée de ses fondateurs et de généreux donateurs. Les pièces de cet étonnant trésor remontent, pour certaines, au XIXe siècle. Il s'agit essentiellement de bijoux de spectacle, réalisés pour le théâtre, le cinéma et la télévision. Beaucoup sont uniques. Fabriqués dans le style de différentes époques, couvrant une vaste période allant de l'antiquité au siècle dernier. Certains sont des copies d'objets exposés au Louvre, d'autres des créations originales, dans l'esprit ou d'après des documents anciens. Le moyen âge et la renaissance y ont une large place. Réalisés pour la plupart en laiton doré, tous ces colliers, chaînes, bracelets, boucles, bagues et couronnes, sont agrémentés de fausses pierres, perles et autres ornements qui contribuent à rehausser leur éclat. Certaines pièces ont souffert au cours des années, en particulier parce qu'elles ont beaucoup été manipulées, d'autres sont en meilleur état du fait qu'elles n'ont été utilisées qu'une ou deux fois. Parfois jamais.

Aujourd'hui, la Biographie du Spectacle, en mettant en avant son département Bijouterie du Spectacle, a décidé de redonner vie à ce trésor endormi. Moins pour sa valeur marchande, que pour son originalité et - on peut l'admettre - sa beauté, cet ensemble mérite d'être présenté au public. D'ores et déjà, plusieurs centaines de pièces ont été remises en état, simplement redorées et nettoyées. D'autres nécessitent des interventions techniques plus laborieuses et coûteuses, qu'il est difficile d'envisager dans l'immédiat, faute d'un budget suffisant. D'autres, enfin, n'ont jamais été achevées, comme cette curieuse «main de justice» des rois de France, que la Bijouterie du Spectacle souhaite enfin terminer.

A défaut de disposer d'un espace fonctionnel pour lui permettre d'exposer cette étincelante collection, ses propriétaires souhaitent la rendre accessible par le biais d'expositions ou d'illustrations diffusées dans la presse ou sur internet. Naturellement, il arrive que tel ou tel bijoux, au gré de demandes d'amis costumiers, retrouve, pour un temps, le chemin des studios pour figurer dans un film, un téléfilm ou un documentaire. De même, quelques rares initiés de l'univers de la mode y ont également un accès privilégié. Toujours prête à donner des conseils, au besoin en puisant dans sa très riche base documentaire, la Bijouterie du Spectacle est rapidement devenue le précieux - et discret - auxiliaire de tout un petit monde de professionnels et d'amateurs intéressés par les accessoires de costumes historiques. Un détail qui a son importance : aucune de ces pièces n'est à vendre. Toutefois, toutes celles qui sont en bon état peuvent être louées, ou même prêtées (sous conditions). Etrange et fascinant univers des bijoux factices.