Les 1er et 2 février 2011 France 2 a diffusé A la recherche du temps perdu, réalisé par Nina Companeez d’après l’œuvre de Marcel Proust. Il y aura toujours quelques critiques pour trouver à redire à ceci ou à cela. On n’adapte pas un chef d’œuvre de la littérature du XXe siècle sans que se manifestent, inévitablement, d’éternels grincheux toujours prompts à dénigrer plutôt qu’à encourager un film d’une telle ampleur. Pour notre part, nous n’avons pas boudé notre plaisir et avons apprécié, à sa juste valeur, le travail de Nina Companeez.
Passons rapidement sur l’intrigue, le jeu des acteurs, les décors splendides et variés (l’ambassade de Roumanie, à Paris, a, exceptionnellement, ouvert ses portes au tournage pour figurer l’hôtel de Guermantes) pour nous intéresser aux costumes. C’est en effet à une grande et talentueuse créatrice de costumes, Dominique Borg, qu’a été confié le soin d’habiller tous les personnages de Proust. Unanimement reconnue et estimée par toute la profession, Dominique Borg a le don de réaliser l’impossible, de rendre palpable l’indicible, de donner des couleurs au temps. Aussi bien à la télévision, au théâtre, au cinéma, qu’à l’opéra, cette créatrice de costumes multiplie les réalisations toujours très remarquées. Ce n’est pas par hasard si, dans son métier, elle détient quasiment le record des récompenses : Molière 1991 pour La Cerisaie, Molière 1997 pour Le Libertin, César 1989 pour Camille Claudel, César 2002 pour Le pacte des loups.
Dominique Borg nous a confié que vêtir tous les protagonistes de l’œuvre de Marcel Proust, en restant à la fois fidèle au roman et à la mode de cette époque, a été une entreprise considérable. En dehors de multiples recherches chez les loueurs traditionnels, notamment en France, en Italie et en Espagne, où elle a déniché des pièces rares, elle a aussi trouvé des vêtements originaux chez Falbalas, aux puces de Saint-ouen. Par ailleurs, elle a pu profiter de la créativité de Stéphane Couvé-Bonnaire, maître d’œuvre en textile pour la haute couture, et bénéficié de l’aide de Catherine Gorne, directrice et créatrice de la maison de location de costumes Aram. Grâce à cette dernière, elle a eu le privilège de pouvoir utiliser des vêtements authentiques et exceptionnels provenant de la garde robe d’une vieille famille aristocratique. Collection unique qui avait été préservée pendant plus d’un siècle avant d’être acquise par la maison Aram.
Quant aux bijoux, on en a rarement vu autant à la télévision, dans une fiction. Dans l’ensemble, ils s’accordent bien aux toilettes et sont, pour la plupart, assez proches de ceux portés à la belle époque. Il faut dire que, à l’instar des costumes, Dominique Borg n’a pas ménagé ses efforts pour se procurer tout ce qui lui était nécessaire pour une reconstitution soignée. N’hésitant pas à faire appel à la maison Barboza, spécialisée dans les bijoux anciens (356 rue Saint-Honoré à Paris), ou à faire réaliser certaines pièces par le créateur Philippe Ferrandis, elle a complété sa collection en utilisant des bijoux fantaisie des maisons Poggi et Marion Godart, et même en chinant aux puces.
— Quels magnifiques rubis !
— Ah! mon petit Charles, au moins on voit que vous vous y connaissez, vous n’êtes pas comme cette brute de Beauserfeuil qui me demandait s’ils étaient vrais. Je dois dire que je n’en ai jamais vu d’aussi beaux. C’est un cadeau de la grande-duchesse. Pour mon goût ils sont un peu gros, un peu verre à bordeaux plein jusqu’aux bords, mais je les ai mis parce que nous verrons ce soir la grande-duchesse chez Marie–Gilbert, ajouta Mme de Guermantes.
— Ah! mon petit Charles, au moins on voit que vous vous y connaissez, vous n’êtes pas comme cette brute de Beauserfeuil qui me demandait s’ils étaient vrais. Je dois dire que je n’en ai jamais vu d’aussi beaux. C’est un cadeau de la grande-duchesse. Pour mon goût ils sont un peu gros, un peu verre à bordeaux plein jusqu’aux bords, mais je les ai mis parce que nous verrons ce soir la grande-duchesse chez Marie–Gilbert, ajouta Mme de Guermantes.
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